Il y a 3 ans l’infirmière Razan al-Najjar était tuée par l’armée israélienne

 Il y a 3 ans l’infirmière Razan al-Najjar était tuée par l’armée israélienne

Razan al-Najjar (à droite), dans une tente médicale d’urgence après des affrontements entre des Palestiniens et les forces de sécurité israéliennes survenus lors d’une manifestation près de la frontière avec Israël, à l’est de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 1er avril 2018.

A 21 ans, Razan al-Najjar, une infirmière palestinienne, habitante de Gaza, avait la vie devant elle quand un sniper israélien l’a abattue. C’était il y a trois ans.

 

Le 1er juin 2018, en pleine « grande marche du retour » où des civils palestiniens réclament pacifiquement la levée du blocus israélien de Gaza, une balle de fusil tirée par un sniper israélien traverse la poitrine de Razan al-Najjar, qui succombe une demi-heure après.

Il y a 3 ans l'infirmière Razan el-Najjar était tuée par l'armée israélienne
Cortège funèbre de Razan al-Najjar, à Khan Yunis, le 2 juin 2018. Said KHATIB / AFP

Le lendemain, les obsèques de la jeune femme réunissent des milliers de personnes. Cet assassinat est même relayé par les médias internationaux. Il s’agit pourtant d’un énième décès au milieu de dizaines d’autres, le 166e  depuis le 30 mars 2018. Mais Razan al-Najjar était aussi une secouriste, bénévole, portant la veste blanche du personnel de santé sous l’égide de l’Autorité palestinienne et du PMRS (Palestinian Medical Relief Society).

Nikolaï Mladenov, coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, déclare alors sur Twitter que « le personnel médical n’est pas une cible ». L’ONU publie un communiqué pour exprimer son inquiétude concernant le meurtre d’une « volontaire de santé » à Gaza. Du côté de la communauté internationale, pour ne pas changer, on se tait.

Trois ans plus tard, aucune enquête sur la mort de Razan al-Najjar n’a été diligentée.

Pourtant, l’armée israélienne assurait au moment du drame qu’elle ferait la lumière sur les circonstances de sa mort. « Dans les cas où il existe des allégations qu’un civil a été tué par les tirs des forces armées, nous enquêtons de façon approfondie et c’est ce que nous ferons », avait-t-elle précisé.

Il y a 3 ans l'infirmière Razan el-Najjar était tuée par l'armée israélienne
Sabreen al-Najjar, la mère de Razan. MAJDI FATHI / NurPhoto / NurPhoto via AFP.

Quelques jours après la mort de sa fille, Sabreen al-Najjar, la mère de Razan déclara : « L’occupation m’a privée du rêve pour lequel j’ai vécu toute ma vie. ». Ce « rêve » était celui de voir Razan, sa fille aînée – sa « première joie » – porter la robe de mariée, et lui offrir ses premiers petits-enfants. Le destin en a décidé autrement.

 

>> Lire aussi : Vient de paraître : La toile carcérale. Une histoire de l’enfermement en Palestine

Nadir Dendoune