Mohamed Elbaz, un berbère à Boston

 Mohamed Elbaz, un berbère à Boston

Archives personnelles de Mohamed Elbaz


Destiné à élever des chèvres dans les montagnes comme son grand-père, le Marocain poursuit finalement une carrière aux Etats-Unis. Tout en y étant consultant pour de nombreuses entreprises, il continue d’œuvrer pour le développement du Royaume.


“Je suis un Berbère et j’y tiens”, s’amuse Mohamed Elbaz, qu’on appelle aussi “Moe”, “Mel” ou “Moha”. Bien avant de se faire une belle place à Boston, dans le nord-est des Etats-Unis, comme consultant pour de nombreuses entreprises, c’est dans les montagnes du Moyen Atlas, à Zimri, qu’il fait ses débuts, destiné à être cow-boy “pour les bêtes”. “Mon grand-père était un éleveur de chèvres dans les montagnes. Enfant, je m’imaginais finir comme lui.”


 


“J’ai aidé Internet à traverser l’Atlantique”


Par hasard, un homme occupe un poste de garde forestier dans le village et commence à enseigner le français. Mohamed suit ses cours, puis s’inscrit dans un collège de Casablanca, où il vit chez un oncle. Un grand changement : “Dans notre village, quand une voiture passait, c’était un événement.” Brillant en mathématiques, on le pousse à passer les concours des grandes écoles. “J’avais les cheveux longs, j’écoutais Bob Dylan, je voulais découvrir le monde.”


Il suit l’avis de ses professeurs et s’envole pour la France, afin d’intégrer l’école supérieure Télécom ParisTech. Il y passe trois ans. A la fin de sa scolarité, un professeur l’invite à Boston pour continuer ses recherches. Une entreprise l’embauche alors sans ciller : “J’avais déjà acquis de l’expérience dans les réseaux de télécoms en France qui à l’époque, était en avance sur les Etats-Unis.”


Durant cette période, le fleuron français Alcatel garde une option sur lui, en continuant de lui verser un salaire jusqu’à la fin de ses études. “Comme je suis resté, je les ai remboursés, raconte Mohamed Elbaz. Au départ, je me suis dit que ce serait temporaire. Finalement, trente ans plus tard, j’y suis encore.” Entre-temps, le Marocain a changé plusieurs fois de travail. Il a notamment été ingénieur dans des réseaux d’ordinateurs, a créé sa propre boîte, Atlascomm International, et a participé à un moment d’histoire. “J’ai aidé Internet à traverser l’Atlantique pour l’Afrique, avec le premier nœud Internet au Maroc, à Rabat, en 1995-1996. Ensuite, j’ai laissé la main à des gens plus doués que moi et de là, le réseau national a grandi.” Tout en dirigeant son entreprise, celui qui a désormais la nationalité américaine est également consultant pour de nombreuses autres : “Je travaille sur des missions spéciales : dans le cloud, les services, le mobile…”


 


Il gère à distance sa ferme au Maroc


Impliqué au Royaume, il revient très régulièrement pour animer des séminaires et apporter son expérience aux jeunes entrepreneurs. Aux Etats-Unis, il est membre de l’American Moroccan Competencies Network (AMCN), un réseau de compétences pour soutenir et conseiller. Toujours très actif outre-Atlantique, celui qui continue à pratiquer le football trois fois par semaine n’en oublie pas pour autant ses racines. A distance, il tient une ferme dans son village d’origine et gère des parcelles de terre. Certaines pour faire pousser des arbres et d’autres pour l’élevage des chèvres, “comme dans mon rêve enfant”. 

Jonathan Ardines