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Le président algérien relance la polémique avec Paris sur le rôle de la France durant la colonisation

Parlant de "cécité mentale" et de "révisionnisme", Abdelaziz Bouteflika, a affirmé que son pays ne "saurait en aucun cas cautionner, même par son silence, une prétendue mission civilisatrice" du colonialisme.

Le Monde avec AFP

Publié le 29 juin 2005 à 20h29, modifié le 29 juin 2005 à 21h32

Temps de Lecture 3 min.

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a ravivé, mercredi 29 juin, la polémique autour de la loi française du 23 février évoquant "le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord".  Cette loi
"portant reconnaissance de la nation en faveur des Français rapatriés" qui prévoit notamment que les programmes scolaires français "reconnaissent (...) et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit".


Abdelaziz Bouteflika a affirmé qu'il était "difficile de ne pas être révolté par la loi votée par le Parlement français (...) qui représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme". Ces propos, diffusé par l'agence APS, sont extraits d'un discours prononcé à Tlemcen, dans l'ouest du pays, à l'occasion du 50e anniversaire de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), créée pendant la guerre d'indépendance.

Qualifiant le colonialisme d'"un des plus grands crimes contre l'humanité que l'histoire ait connus", M. Bouteflika a affirmé que "si notre pays était prêt à signer avec l'Etat français un traité de paix et d'amitié sur la base de l'égalité des nations et de la complémentarité de nos intérêts, il ne saurait en aucun cas cautionner, même par son silence, une prétendue mission civilisatrice" du colonialisme. Il a appelé la société française à "se libérer des relents d'un passé attentatoire à la dignité humaine et qui, bien que s'affaiblissant au fil des ans, se manifeste maintenant comme le fantasme d'une puissance perdue, et semble-t-il regrettée par les nostalgiques de la domination coloniale".

L'Algérie et la France, dont les relations se sont nettement améliorées depuis l'arrivée de M. Bouteflika à la tête de l'Etat en 1999, s'apprêtent à signer un traité d'amitié avant la fin de l'année. "Il faudra du temps, beaucoup de temps, des générations sans doute pour que la société française se réconcilie avec sa propre histoire et apprenne à respecter les civilisations des autres peuples et à cohabiter avec elles", a encore déclaré M. Bouteflika. Prenant le contre-pied de la loi française, le président algérien a souligné que "pour la société algérienne, la colonisation française a été massivement une entreprise de dé-civilisation".

"UNE VÉRITABLE AGRESSION CONTRE LA MÉMOIRE DES COLONISÉS"

Avant M. Bouteflika, des partis algériens avaient condamné cette loi, à l'instar du Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) qui avait mené la guerre d'indépendance et qui a estimé qu'elle "consacrait une vision rétrograde de l'histoire". La puissante Organisation nationale des moudjahidine (ONM, anciens combattants de la guerre d'indépendance) a, elle, affirmé que "les anciennes forces coloniales continuaient de faire l'amalgame entre la guerre d'agression coloniale et la lutte légitime de libération".

Le président de la Fondation du 8 mai 45, Mohamed El Korso, a, de son côté, estimé, en mai dernier, que "cette loi était une véritable agression contre la mémoire des colonisés et de leurs martyrs". Cette fondation milite pour la reconnaissance par la France de sa responsabilité dans les massacres du 8 mai 1945 à Sétif et Guelma, dans l'Est algérien. Les deux chambres du Parlement algérien vont, "très prochainement", adopter une résolution dénonçant cette loi, a annoncé, le 16 juin, le président de l'Assemblée nationale algérienne, Amar Saadani.

Début mai, une autre polémique avait éclaté lors de la commémoration de la sanglante répression, par les forces françaises, de manifestations de mai 1945. Environ 45 000 Algériens avaient été tués, selon des historiens algériens, entre 15 000 et 20 000, selon des estimations françaises. Le président Bouteflika avait alors comparé aux "fours crématoires des nazis" les fours à chaux ayant servi à incinérer des cadavres de personnes tuées pendant la répression à Guelma, dans l'est du pays.

Le Monde avec AFP

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