Choguel Kokalla Maïga, pressenti pour devenir le premier ministre de la transition malienne, a déclaré, vendredi 4 juin, que son pays respecterait ses engagements internationaux, mais que « les sanctions » compliquent la situation, évoquant l’annonce française de la suspension des opérations militaires conjointes.
« Nous respecterons nos engagements internationaux qui ne sont pas contraires aux intérêts fondamentaux du peuple malien », a-t-il ainsi dit tout en ajoutant, lors d’un rassemblement à Bamako, « qu’il n’y a pas d’engagements internationaux connus de tous qui soient fondamentalement contre les intérêts du Mali ».
Les colonels s’étaient engagés après leur putsch de 2020 et sous la pression internationale à une période de transition limitée à dix-huit mois et conduite par des civils. Le 24 mai, le colonel Assimi Goïta, resté le véritable homme fort de la transition, a foulé aux pieds cet engagement en faisant arrêter le président et le premier ministre. Le colonel Goïta s’est depuis fait déclarer président de la transition par la Cour constitutionnelle.
M. Maïga tient la corde pour être nommé premier ministre d’un gouvernement censé préparer ce retour au pouvoir des civils dans maintenant neuf mois. Il pourrait être désigné après l’investiture, prévue lundi, du colonel Goïta comme président.
La Mali a « besoin qu’on lui tienne la main »
Ce vétéran de la politique malienne, et désormais une figure du mouvement dit du 5-Juin (M5), s’exprimait au lendemain de l’annonce française de la suspension de ses opérations conjointes avec l’armée malienne, après le deuxième coup de force du colonel Goïta, le 24 mai. La France réclame des garanties qu’un premier ministre civil sera nommé et que des élections auront bien lieu en février 2022 en vue d’un retour des civils au pouvoir.
« Les engagements qui existent doivent être mis en œuvre dans l’intérêt exclusif du Mali », a dit M. Maïga, qui a prôné le « réalisme et [le] pragmatisme ». Mais les Maliens doivent dire « à la communauté internationale qu’[ils] compte[nt] sur sa compréhension. Les invectives, les sanctions, les menaces ne feront que compliquer la situation », a-t-il ajouté, tout en rendant hommage aux soldats français tués au Mali. « Nous devons dire à nos amis : notre peuple a besoin qu’on lui tienne la main », a-t-il déclaré.
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Vendredi, la Banque mondiale a annoncé avoir « temporairement mis en pause les décaissements de ses opérations au Mali pendant qu’elle suit et évalue de près la situation ». Cette décision a, selon un porte-parole, été prise « conformément à la politique de la Banque applicable à des situations similaires » à celle survenue au Mali.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait aussi suspendu le Mali de ses instances, en réclamant également la nomination d’un nouveau premier ministre civil et le maintien des élections au début de 2022. Le 26 mai, le Conseil de sécurité de l’ONU avait émis une condamnation « ferme » mais pas de sanctions.
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