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FERNAND LEGER la manière forte en peinture

Le peintre Fernand Léger est mort d'une crise cardiaque mercredi après-midi à Gif-sur-Yvette.

Par ANDRÉ CHASTEL

Publié le 19 août 1955 à 00h00, modifié le 19 août 1955 à 00h00

Temps de Lecture 3 min.

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Fernand Léger, que la Biennale de Venise avait oublié, venait de recevoir le Grand Prix de celle de Sao-Paulo. La revue Le Point lui avait consacré un fascicule d'hommages. Le dernier numéro de Cahiers d'art est rempli de ses souvenirs et de sa gloire. Une fois de plus le vingtième siècle lait à ses maîtres un cortège attentif et fleuri.

Né en 1881, Léger avait ignoré, à vingt ans la tentation impressionniste si forte chez Bonnard, la langueur fin de siècle de Picasso et la ferveur des fauves ; c'est qu'il ne s'intéressait pas alors directement à la peinture, mais aux dessins d'architecture, à la schématisation des formes. Aussi fut-il saisi plus profondément, plus naïvement et - on peut le dire - d'une façon plus simpliste que les autres par ce que son exemple même a fait appeler le " cubisme ".

Dès 1910, ses vues de villes aux fumées de zinc, ses campagnes taillées comme par un bûcheron, ses natures mortes aux emboîtements de métal, déclaraient bien ce qui restera toujours son inspiration : le durcissement maximum d'un monde d'objets plus fermes, plus articulés que la réalité même. Le sacrifice de la couleur, de la nuance, est total ; la ligne est soumise à une définition sévère. Tout est plein et d'une agressivité cordiale qui exprime bien le tempérament entier de ce Normand violent et froid.

La révolution à laquelle il se consacrait ainsi paraît un peu simple. Deux expériences décisives permirent à Léger de l'amplifier aux dimensions d'un style : la guerre, dont il a dit lui-même qu'elle fut pour lui une révélation tonique (il était canonnier), et, aussitôt après, l'exaltation du monde des machines qui vers 1920 envahit l'Occident. Ce que le futurisme avait esquisse pour introduire le mouvement dans la peinture retint Léger au moment où il réalisa un film singulier, tout en soupapes et en bielles, intitulé le Ballet mécanique (1924).

Mais il y avait comme une contradiction entre ses ambitions de " dynamique mécanique " telles qu'elles s'expriment dans la Ville (1918) et les compositions statiques qui suivirent. Par un instinct juste, Léger cherchait plutôt la transposition en images plates de couleurs simples. Il tendait à créer une emblématique du monde moderne et y a largement réussi.

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