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William Burroughs, dynamiteur du rêve américain

L’écrivain américain William Seward Burroughs est mort, samedi 2 août, à Lawrence (Kansas), à la suite d’une crise cardiaque. Il était âgé de 83 ans.

Par PATRICK RAYNAL

Publié le 05 août 1997 à 00h00, modifié le 21 octobre 2022 à 16h36

Temps de Lecture 5 min.

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William Burroughs est mort, samedi 2 août, dans l’hôpital de Lawrence (Kansas) où il avait été admis la veille à la suite d’une crise cardiaque. Il était âgé de quatre-vingt-trois ans. Avec son ami Allen Ginsberg, mort en avril (Le Monde du 8 avril), Burroughs était le représentant le plus célèbre de la beat generation. C’EST avec Le Festin nu (The Naked Lunch), publié à Paris en 1959 par Maurice Girodias, qu’il devint célèbre. Ce récit halluciné choqua l’Amérique et donna à l’écrivain une réputation scandaleuse, d’ailleurs parfaitement justifiée. La drogue, l’homosexualité, la volonté de ne laisser subsister aucune convention nourrissent son œuvre. Les particularités de sa biographie il tua sa femme à la suite d’un pari stupide en 1951 ont alimenté une légende renforcée par son apparence physique et sa froide élégance.

DONNANT enfin raison à une des éditions de l’encyclopédie Bordas qui le faisait mourir en… 1970, William Burroughs est mort. A croire qu’il avait lui-même rédigé la rubrique, histoire de brouiller un peu plus les pistes, de faire croire à ses admirateurs qu’il pouvait continuer à dynamiter l’écriture du fond de ses Cités de la nuit écarlate. Il est mort à l’âge de quatre-vingt-trois ans, ce qui n’est pas si mal pour un homme qui n’a pas cessé une seconde de se tenir au carrefour de l’angoisse. « Burroughs est le seul écrivain ayant fait vraiment quelque chose de nouveau depuis Shakespeare », a dit de lui Ken Kesey, l’auteur de Vol au-dessus d’un nid de coucou et l’inspirateur d’Acid Test de Tom Wolfe. En faisant de son corps le plus extravagant des laboratoires, en ferraillant sans cesse contre la machine à décerveler qu’il avait débusquée dans les replis de notre société, en collant son nom à l’histoire, pour une fois réunie, de la littérature et du rock’n’roll, William Seward Burroughs était bien plus que l’image qui en fait l’écrivain vedette d’une « contre-culture » déjà réduite à l’état de musée. Burroughs n’était ni pour ni contre, mais devant. Burroughs, c’était un antidote à la somnolence ambiante, un antirouille pour cerveaux.

William S. Burroughs est né le 5 février 1914 à Saint-Louis, Missouri. Malgré la crise de 1929, sa famille est encore assez riche pour l’envoyer étudier à Harvard et il est assez chanceux pour que ce soit à époque où T. S. Eliot y enseignait. Il a toujours voulu être écrivain. Sa fascination pour l’écriture d’Eliot enracine encore plus son désir. Il lit Anatole France, Maupassant, Rémy de Gourmont, Oscar Wilde et manifeste un dégoût grandissant pour le mode de vie américain. Il revient déprimé d’un premier voyage en Europe et se découvre inapte à exercer une forme quelconque de travail « honorable ». Il en fait donc d’autres : détective privé, barman, trafiquant d’armes, exterminateur de cafards, publicitaire et journaliste. Il dira plus tard que son rêve aurait été d’être médecin ou agent secret.

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