CELA A DES AIRS de déjà vu. Un an après avoir signé un pacte d'actionnaires avec Vincent Bolloré, Martin Bouygues resigne un pacte, mais avec François Pinault. Vendredi 4 décembre, Artémis, la holding personnelle de l'homme d'affaires et SCDM, la société commune de Martin et Olivier Bouygues, ont conclu une alliance pour trois ans, renouvelable.
Tirant les conclusions du nouveau rapport de force instauré par François Pinault, le PDG de Bouygues a accepté la stratégie « amicale » proposée par son nouvel actionnaire. Ce dernier, de son côté, a préféré cette approche douce plutôt qu'une conquête à la hussarde. L'échec de M. Bolloré a prouvé que la manière forte n'était pas la meilleure voie pour peser sur la direction du groupe de BTP et de communication.
Le pacte d'actionnaires est, en de nombreux points, similaire à celui signé avec Vincent Bolloré. Mais à l'inverse de ce dernier, les deux parties se donnent plus de liberté dans le capital - pas de mise sous séquestre des actions, possibilité de vendre des titres - mais plus d'obligations dans leurs comportements : Artémis « s'engage à voter les résolutions présentées par le conseil d'administration aux assemblées générales ». Pour éviter d'avoir à lancer une OPA obligatoire, les deux sociétés, qui « agissent de concert », ne doivent pas dépasser ensemble la barre des 33 %. Artémis limitera sa part à 15,5 % (et 13,8 % des droits de vote), tandis que la SCDM ne dépassera pas les 17,5 % (19,2 % des droits de vote).
Martin Bouygues parvient ainsi à redevenir avec son frère le premier actionnaire du groupe, au prix d'un fort endettement personnel - près de 800 millions de francs. Artémis a accepté de céder aux frères Bouygues 0,5 % de ses titres pour ramener sa part de 16 % à 15,5 %. En contrepartie, ceux-ci ont renoncé à 7,15 % de leurs droits de vote double, en mettant leurs actions au porteur.
Trois administrateurs issus du groupe Pinault vont remplacer, au conseil de Bouygues, ceux de Bolloré, démissionnaires. Patricia Barbizet, directeur général d'Artémis, Serge Weinberg, président de Pinault-Printemps-Redoute (PPR) et François-Henri Pinault, fils de François Pinault et président de la Fnac, devraient être nommés lors d'une assemblée générale prévue avant Noël.
Il vous reste 48.59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.