Joe Strummer, qui fut le principal chanteur et parolier du groupe Clash, a été retrouvé mort, dimanche 22 décembre, à son domicile du Somerset, dans l'ouest de l'Angleterre. Il serait décédé d'une crise cardiaque. A 50 ans, le guitariste venait de terminer, au Royaume-Uni, une tournée avec son nouveau groupe, les Mescaleros, et s'apprêtait à entrer en studio pour enregistrer son quatrième album solo.
Dix-sept ans après la séparation de The Clash, Joe Strummer restait la figure charismatique de ce commando qui, dans la seconde moitié des années 1970, avait dynamité la scène rock britannique en replongeant cette musique dans l'urgence de la rue et une radicalité frénétique. Si les Sex Pistols craquaient la première allumette punk anglaise pour allumer un feu baroque de nihilisme, les Clash s'efforçaient de doter le mouvement d'une conscience sociale et imprégnaient leurs brûlots d'engagement politique. Si le guitariste Mick Jones était considéré comme le musicien du groupe, si le batteur Topper Headon élargissait son jeu d'une grande variété de styles, si le bassiste Paul Simonon avait gardé de son passage dans une école d'art un sens aigu du design, Joe Strummer s'imposait comme le moteur à explosion du gang et son "idéologue".
Né à Ankara en Turquie – John Mellor pour l'état civil –, le 21 août 1952, ce fils de diplomate connaîtra une enfance nomade au rythme des nominations de son père – Egypte, Mexique, Allemagne, Iran... – avant que ses parents ne l'envoient en pension en Angleterre. Ce jeune homme "déraciné" commencera à "grenouiller" dans le rock à partir de 1972. Au milieu des années 1970, l'actualité musicale se partage entre rock progressif léthargique, disco et pop à paillettes. Tournant dans le circuit des pubs, Joe Strummer se fait un petit nom à la tête des 101'ers, un combo aux influences rhythm'n'blues, pop et reggae.
Une société au bord de la décrépitude attendait un geste extrême pour basculer. Les Sex Pistols vont incarner en pionniers cette vague anarchique de rébellion et de créativité. Strummer verra la lumière lors d'un de leurs concerts. "En cinq secondes, expliquait-il (Le Monde du 11 octobre 1999), j'ai compris que tout ce que je faisais musicalement appartenait au passé. La folie des Sex Pistols ouvrait des horizons bien plus excitants."
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