Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Jean-Jacques Lebel, un artiste fulminant

Ami à 20 ans de Breton et de Duchamp, inventeur du happening en France, ce provocateur infatigable et collectionneur boulimique ne désarme pas.

Le Monde

Publié le 13 juin 2003 à 12h22, modifié le 13 juin 2003 à 12h22

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

"L'artiste reste en arrêt devant cette vision horrible : l'avenir dans un monde où la vie psychique aura été purement et simple- ment liquidée." Quand ces lignes ont-elles été publiées et par qui ? En 1966, par Jean- Jacques Lebel, dans son petit livre Le Happening (éd. Denoël), le premier sur ce sujet paru en France. Quand on les lui relit, Lebel commence par en juger le style. "Je n'écrirais plus ainsi. C'est un peu jeune, ces phrases, trop simple." Aujourd'hui, celui qui inventa le happening en France en 1960 figure dans une grande exposition à Hamnourg, aux côtés de l'Allemand Arthur Köpke, du Suédois Oyvind Fahlström et d'Erro. Mais pense-t-il autrement ? "Sûrement pas. Je n'en retire pas une virgule."

En 1966, Lebel avait trente ans, et le destin de l'homme moderne occidental lui apparaissait clairement : devenir une machine, ne réagir qu'aux stimulations de la consommation et du spectacle. "Il n'y avait aucun doute là-dessus. A l'époque, on - attention, "on", ça veut dire 150 ou 200 personnes, pas plus, plutôt moins - on baignait dans cette atmosphère. En fait, ce n'était pas difficile : il suffit de lire deux pages d'Artaud et tout ça devient clair." Que l'auteur du Théâtre de la cruauté ait passionné l'auteur du Happening, organisateur de performances généralement nocturnes et attentatoires aux bonnes mœurs rien d'étonnant. Mais c'est un autre texte d'Artaud que Lebel cite, Pour en finir avec le jugement de Dieu. "En 1968, je travaillais à l'ORTF, à l'Atelier de création sonore. En mai, on a voulu retrouver et diffuser l'enregistrement du texte dit par Artaud. Pour venger Artaud. Mais il y avait un tel désordre dans les archives que nous n'avons pas retrouvé les bandes."

Un arrêt dans les souvenirs. "En fait, en 68, ce que nous voulions, c'était venger tous ceux que nous admirions et que la société avait méprisés : venger Artaud, Péret, Breton, Flora Tristan. Venger la poésie. Venger tous ceux qui nous habitent et qui nous constituent." Tous ceux-là, Lebel les avait connus très jeune, à New York et à Paris, en partie par l'intermédiaire de son père, Robert Lebel, ami intime et premier biographe de Duchamp. "Duchamp ? C'était la même chose, la même indifférence. Aujourd'hui, chacun s'en réclame. Il faudrait quand même se souvenir de ce qui s'est passé de son vivant."

Il vous reste 66.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.