Peu d’épargnants se souviennent de l’impact de la hausse des prix sur leurs placements, tant l’inflation a disparu des radars ces dernières années. Pourtant, les conséquences sont bien réelles.
L’inflation a tout d’abord un effet mécanique sur le rendement de l’épargne. Par exemple, le Livret A a rapporté environ 0,50 % brut en 2020, avec une hausse des prix à la consommation de 0,50 % également. Le rendement réel du livret a donc été nul, c’est-à-dire qu’il a simplement servi à maintenir le pouvoir d’achat des épargnants. Mais, lorsque l’inflation dépasse le taux nominal servi, le rendement réel devient négatif.
Le second effet passe par les taux d’intérêt. En effet, en cas d’inflation trop élevée, les banques centrales devront intervenir pour limiter son envolée. Cela pourrait prendre la forme d’une baisse des programmes de « quantitative easing » (achats massifs de titres sur les marchés) actuellement en place, puis, dans un second temps, d’une hausse des taux directeurs. Les taux d’intérêt à long terme (à dix ans) suivraient alors le même chemin.
L’effet sur l’assurance-vie
En pratique, l’épargne de précaution est dans ce cas de figure la première touchée. Les dépôts à vue et les livrets, pas ou mal rémunérés, voient leur rendement réel tomber en territoire négatif. Tout du moins à court terme pour l’épargne réglementée, car la rémunération de cette dernière remonterait assez vite afin de tenir compte de la hausse de l’inflation. En effet, le taux du Livret A, qui repose sur la moyenne semestrielle entre les taux d’intérêt interbancaires et l’inflation, est revu deux fois par an.
L’épargne placée sur le fonds en euros de l’assurance-vie ne serait guère plus avantageuse, puisque le rendement moyen en 2020 s’est monté à 1,3 % avant prélèvements sociaux. Une légère remontée de l’inflation suffirait donc à entamer le pouvoir d’achat des assurés.
En revanche, une hausse graduelle des taux longs serait, à plus long terme, bénéfique aux fonds en euros. En effet, les rendements des nouvelles obligations émises sur le marché seraient alors plus élevés, permettant aux assureurs d’investir sur des titres mieux rémunérés.
« Sur le fonds en euros, il faudrait une hausse très structurelle et durable des taux pour revenir au niveau d’il y a dix ans, nuance toutefois Mathilde Sauvé, directrice du développement de La Banque postale AM. En cas de remontée des taux, cela permettrait simplement de limiter l’érosion du rendement. »
Il vous reste 57.07% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.