Les confinements successifs ont poussé les plus chanceux, qui disposent de balcons, d’une terrasse, d’un jardin ou d’un parc, à soigner leur aménagement extérieur. Adrien Meyer, directeur monde des ventes privées chez Christie’s, le confirme : « La pandémie a recentré le collectionneur sur son habitat, l’incitant à repenser son univers et, plus que jamais, à se faire plaisir. »
En témoigne l’envolée des prix du mobilier en métal perforé signé Mathieu Matégot, un designer des années 1950 : en avril, la maison Ader a adjugé pour 19 200 euros une paire de ses sièges modèle Copacabana. D’autres créateurs des fifties, comme le couple Adrien Audoux et Frida Minet, profitent aussi de ce virage « outdoor ». En mai, une suite de quatre fauteuils en chêne et raphia a quasi décuplé son estimation pour atteindre 27 500 euros. « Leur mobilier d’extérieur en corde réalisé à Golfe-Juan [Alpes-Maritimes] devient aussi cher que celui fait pour l’intérieur », observe ainsi Flavien Gaillard, spécialiste chez Christie’s.
Des résultats inattendus
L’intérêt pour l’art en plein air est toutefois bien antérieur à la pandémie de Covid-19, conforté par la présence en Provence de la Venet Foundation, du plasticien Bernar Venet, du Domaine du Muy (Var), ouvert par les marchands Jean-Gabriel et Edward Mitterrand, ou encore du Château La Coste, au Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône). Aujourd’hui, les maisons de ventes saisissent la balle au bond. Encouragée par le succès inattendu des sculptures d’extérieur de la collection Paul Haim en octobre 2020, Christie’s récidive à partir du 23 juin avec une opération de ventes privées de sculptures monumentales sous le libellé « Dream Big ».
Au programme, des pièces de Jeff Koons, de Niki de Saint Phalle, de Barry Flanagan, d’Anish Kapoor, ainsi que des marbres antiques. Sa rivale Artcurial n’est pas en reste. Forte de son expérience de longue date dans la vente de sculptures monumentales, la maison des Dassault propose le 22 juillet la troisième édition de l’opération « Monaco Sculptures », avec des œuvres en extérieur de Lynn Chadwick, de Tony Cragg et les bois tourmentés de Pablo Reinoso.
Si les initiatives se multiplient autour de la sculpture d’extérieur, celle-ci ne s’achète pas sur un coup de cœur, encore moins sur un coup de tête. « Il faut réfléchir à l’échelle, aux proportions », insiste Edward Mitterrand. Tout aussi cruciale est la question de son emplacement. Faut-il trouver une place à une sculpture qui nous séduit, ou le site doit-il déterminer le choix ? « Une œuvre exposée en galerie peut se révéler bien trop petite une fois à l’extérieur », reconnaît Martin Guesnet, directeur Europe de la maison de ventes Artcurial, qui ajoute un paramètre à prendre en compte : l’accessibilité pour son installation.
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