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Donald Trump rompra-t-il la tradition de la note manuscrite sur le bureau Ovale ?

En 1989, Ronald Reagan avait griffonné pour son successeur, George H. W. Bush, quelques lignes sur un bloc-notes. Depuis, tous les locataires de la Maison Blanche se sont pliés à l’exercice au terme de leur mandat.

Publié le 18 janvier 2021 à 18h33, modifié le 18 janvier 2021 à 19h11 Temps de Lecture 4 min.

Le 45e président des Etats-Unis, Donald Trump, dans le bureau Ovale, en août 2018.

Ce mercredi 20 janvier, le 45e président des Etats-Unis, Donald Trump, n’assistera pas à la cérémonie d’investiture de son successeur, le démocrate Joe Biden. Par son absence, le Républicain − dont le mandat prend officiellement fin à midi − va ainsi rompre avec une tradition démocratique ininterrompue depuis mars 1869, quand Andrew Jonhson avait boudé la passation des pouvoirs avec Ulysses S. Grant. Et, révèle l’agence Associated Press (AP), le magnat de l’immobilier pourrait aussi mettre en péril une autre tradition, moins connue, du changement de locataire de la Maison Blanche : celle des petites notes manuscrites laissées sur le bureau Ovale par le dirigeant sortant pour son successeur.

Cette dernière est née en janvier 1989, lorsque le républicain Ronald Reagan, qui s’apprêtait à quitter les lieux après deux mandats à la tête de l’Etat fédéral, voulut laisser un message à George H. W. Bush. Le 40e président des Etats-Unis s’était alors saisi d’un bloc-notes sur lequel figurait un dessin de l’humoriste Sandra Boynton. On y voyait un éléphant – symbole du Parti républicain dont les deux hommes étaient issus – affalé sur le ventre, des dindes sur son dos et cette phrase : « Don’t let the turkeys get you down » (Ne laisse pas les dindes t’atteindre).

Un petit rituel ininterrompu depuis trente-deux ans

Une allusion au dicton « It’s hard to soar like an eagle when you’re surrounded by turkeys » (Il est difficile de s’élever comme un aigle quand on est entouré de dindes), dont l’idée étant que ceux qui vous entourent, qu’il s’agisse de collègues, de proches, voire dans ce cas précis de vos administrés, peuvent parfois vous empêcher de donner le meilleur de vous-même. « Cher George, tu auras des moments où tu voudras utiliser ce papier à lettre. Eh bien, n’hésite pas », avait alors, entre autres, griffonné Ronald Reagan. Ainsi naquit un petit rituel, ininterrompu depuis trente-deux ans.

Les notes laissées sont frappantes de simplicité, surtout au regard de l’ampleur de la tâche qui incombe au locataire de la Maison Blanche

Comme le rappelle AP, les notes laissées sont frappantes de simplicité, surtout au regard de l’ampleur de la tâche qui incombe au locataire de la Maison Blanche. « Mais elles sont aussi remarquables par leur camaraderie et leur objectif commun », poursuit l’agence de presse. Un élément d’autant plus appréciable que, depuis la passation de 1989, aucun président sortant n’était issu du même parti que son successeur. En 2017, le quotidien The New York Times avait publié trois de ces notes.

Ainsi, malgré une défaite amère contre le démocrate Bill Clinton en 1992, George H. W. Bush a suivi l’exemple de Ronald Reagan : « Je ne suis pas très doué pour donner des conseils ; mais ne laissez pas les critiques vous décourager ou vous faire dévier de votre route », avait alors écrit le Républicain, avant de conclure : « Votre succès est maintenant le succès de notre pays. Je vous encourage de tout cœur. Bonne chance. » Des mots si touchants qu’Hillary Clinton, alors première dame, avait confié par la suite qu’ils lui avaient arraché quelques larmes.

En 2000, ce fut ainsi au tour de Bill Clinton de laisser un message au fils de George H. W. Bush, l’ancien gouverneur du Texas, George W. Bush. « Les charges que vous devez dorénavant porter sont grandes, mais souvent exagérées », lui avait-il écrit, avant d’ajouter : « La joie pure de faire ce que vous croyez être juste est inexprimable. »

« Des occupants temporaires de ce bureau »

Dans sa propre lettre au président Barack Obama huit ans plus tard, le Républicain, lui, avait choisi de mettre son prédécesseur en garde : « Les critiques vont faire rage. » Vos « amis vous décevront », le prévenait-il, mais « quoi qu’il arrive, vous serez inspiré par le caractère et la compassion des personnes que vous dirigez ». Ses filles, les jumelles Jenna et Barbara, 27 ans, avaient, quant à elles, laissé un petit guide pour les enfants du nouveau couple présidentiel, Malia et Sasha, alors âgées de 10 et 7 ans. Elles leur livraient une série de recommandations pour bien profiter de leur expérience à la Maison Blanche. Parmi ces dernières : « Glissez sur la rampe du solarium » ou encore « Quand votre père jettera le premier lancer pour les Yankees [une autre tradition présidentielle, qui remonte à 1910, veut qu’un président en exercice lance au moins une fois la première balle d’une rencontre de la ligue de base-ball], allez au match ».

« C’est un bureau unique, sans plan clair de réussite, donc je ne sais pas si un conseil de ma part sera particulièrement utile », écrivait de son côté, en 2017, Barack Obama à Donald Trump. Le 44e président des Etats-Unis y ajoutait ces lignes, rétrospectivement prophétiques au terme du mandat du magnat de l’immobilier :

« Nous ne sommes que des occupants temporaires de ce bureau. Cela fait de nous les gardiens de ces institutions et traditions démocratiques – comme l’Etat de droit, la séparation des pouvoirs, l’égalité de protection et les libertés civiles – pour lesquelles nos ancêtres se sont battus et ont saigné. (…) C’est à nous de laisser ces instruments de notre démocratie au moins aussi forts que nous les avons trouvés. »

Et de conclure pourtant : « Michelle et moi vous souhaitons, à vous et à Melania, le meilleur alors que vous vous lancez dans cette grande aventure, et sachez que nous sommes prêts à vous aider de toutes les manières possibles. »

Accompagné du vice-président Mike Pence (à droite), Donald Trump tient la lettre laissée par son prédécesseur Barack Obama, à Washngton, le 22 janvier 2017.

Le Monde avec AP

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