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Henry Every, le pirate le plus recherché du XVIIe siècle, refait surface en Nouvelle-Angleterre

Homme le plus recherché du monde en 1695, sa piste disparaît en 1696, sans que l’on sache s’il a changé de nom, s’il s’est retiré sur une île des Caraïbes ou même en Grande-Bretagne ou en Irlande, s’il est mort en 1699 ou en 1714.

Publié le 02 avril 2021 à 18h05, modifié le 03 avril 2021 à 10h53 Temps de Lecture 3 min.

Trois pièces trouvées par Jim Bailey, dont une pièce frappée au Yémen en 1693.

Une pièce en argent frappée au Yémen en 1693 découverte en 2014 dans un verger de Middletown, dans l’Etat de Rhode Island (Etats-Unis), par Jim Bailey, un chercheur de trésor amateur, éclaire d’un nouveau jour l’un des cold cases les plus retentissants du… XVIIe siècle.

Retour en arrière. Le 7 septembre 1695, le pirate anglais Henry Every – appelé « Long Ben », le « Roi des pirates » ou le « plus grand des pirates » – et son équipage à bord de Fancy attaquent et s’emparent du Ganj-i-Sawai. Le navire revenait du pèlerinage à La Mecque et faisait route entre Mocha, au Yémen, et Surat, en Inde.

Le Ganj-i-Sawai appartenait à Aurangzeb, aussi connu sous le nom d’Alamgir Ier, souverain de l’Empire moghol de 1658 à 1707 et, à ce titre, l’un des hommes les plus puissants du monde. Il transportait, outre sa fille et sa suite, quelque 500 000 pièces d’or et d’argent ainsi qu’une quantité colossale d’or et de pierreries. Le tout est aujourd’hui évalué à quelque 91,9 millions de livres, soit plus de 107 millions d’euros, rapporte le Daily Mail.

Après une orgie de pillage, de viols et de massacres, Henry Every et son équipage prennent la direction de l’île Bourbon (La Réunion) où ils procèdent au partage du butin, chaque homme recevant l’équivalant de 1 000 livres (de 100 000 à 150 000 euros).

Représailles

La nouvelle de cet acte de piraterie fait le tour du monde et menace les affaires de l’Angleterre, et plus particulièrement celles de la Compagnie britannique des Indes orientales, la BEIC. En guise de représailles, mais aussi pour leur protection face au risque d’émeutes, le gouverneur de Surat fait arrêter tous les sujets anglais. De son côté, Aurangzeb ordonne la fermeture de quelques fabriques de la BEIC, fait emprisonner les Britanniques qui les dirigent et menace d’attaquer la ville de Bombay pour expulser les Anglais de l’Inde.

A Londres, le Parlement déclare les pirates « Hostis humani generis » (littéralement « ennemis de l’humanité ») : toutes les nations ont le droit – même le devoir – de juger, voire d’exécuter sommairement tout pirate britannique capturé. La tête du capitaine Every est mise à prix, et la commission du commerce (le board of trade) coordonne ce qui est désormais connu comme la première chasse à l’homme mondiale.

Certains des membres de l’équipage du Fancy décident de rester sur l’île Bourbon, les autres mettent le cap sur les Bahamas, considérées comme un havre pour les pirates. Avant de mettre les voiles, le capitaine Every achète des esclaves qu’il compte utiliser comme main-d’œuvre et monnaie d’échange.

Poursuite jusqu’aux Bahamas

Après quelques mois de voyage, le Fancy jette l’ancre en mars 1696 près d’Eleuthera, une île dans l’archipel des Bahamas. Pour brouiller les pistes, Every se fait passer auprès du gouverneur pour le capitaine Henry Bridgeman, marchand d’esclaves sans licence commerciale en provenance d’Afrique. Il achète le silence des autorités locales et promet de leur laisser, en prime, son navire paré au combat et chargé de poudre. Utile pour repousser une incursion de la marine française.

Lorsque le gouverneur est interrogé par la Royal Navy et la Compagnie des Indes orientales à propos d’Every, il se défausse… puis alerte Every et son équipage, leur permettant de quitter l’île avant qu’ils ne puissent être appréhendés.

Jim Bailey et son détecteur de métaux, à Warwick, dans l’Etat de Rhode Island.

« Presque du blanchiment d’argent »

C’est à peu près là que se perd la trace de Long Ben. Sa piste disparaît en 1696, sans que l’on sache s’il a changé de nom, s’il s’est retiré sur une île des Caraïbes, en Grande-Bretagne ou en Irlande, riche ou fauché, s’il est mort en 1699 ou 1714.

Pour Jim Bailey, le chercheur de trésor qui a présenté ses découvertes dans The Colonial Newsletter, une publication de l’American Numismatic Society, ces pièces de monnaies arabes – au fil des ans, une quinzaine de pièces ont été trouvées dans le Massachusetts, dans le Connecticut et en Caroline du Nord – sont la preuve que le capitaine ou un membre de son équipage s’est rendu dans les colonies américaines. Il y aurait dépensé une partie de son butin, à une époque où les sujets de sa majesté étaient plus occupés à étendre leur emprise sur les Treize Colonies qu’à commercer avec l’Empire moghol.

« Certains membres de l’équipage [du capitaine Every] ont pu s’installer en Nouvelle-Angleterre et s’intégrer, confirme à l’agence Associated Press l’archéologue de l’Etat du Connecticut, Sarah Sportman, et dépenser leur butin. C’était presque du blanchiment d’argent ! »

Le trésor du capitaine Every n’a pas fini de faire rêver : le navire pirate Playmobil 3750 commercialisé en 1990 arborait son pavillon ; il servait de trame au jeu vidéo Uncharted 4 : A Thief’s End, à un épisode de la série Doctor Who (La Marque noire, troisième épisode de la sixième saison de la série télévisée britannique). Enfin, il aurait inspiré le personnage de Gol D. Roger dans le manga One Piece.

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