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Lorenzo Viotti, 31 ans, l’héritier qui veut faire éclater la bulle luxueuse de la musique classique

La Relève. Tous les mois, « Le Monde Campus » rencontre un jeune qui bouscule les normes. Chef d’orchestre, Lorenzo Viotti aimerait bien « dépoussiérer » les codes de la musique classique, un tantinet trop figés pour cet amateur de rap et d’Instagram.

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Publié le 20 octobre 2021 à 05h04, modifié le 27 octobre 2021 à 10h27

Temps de Lecture 7 min.

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Lorenzo Viotti, directeur musical de l’Opéra national et de l’Orchestre philharmonique des Pays-Bas, à Amsterdam, le 27 août 2021.

Il est grand, il est beau, il est musclé. Lorenzo Viotti coche toutes les cases d’une communication bien huilée : non, il ne correspond pas aux stéréotypes du vieux chef d’orchestre bourru, grisonnant et autoritaire. Oui, il travaille son image, affiche éclectisme et bons sentiments, investit à fond la version 2.0. de l’antihéros qui dépoussière la musique classique.

« Je trouve que les publics des différentes musiques se jugent dans les deux sens, regrette le jeune homme. Vous aimez l’électro ? Vous prenez de la drogue. Vous aimez le rap ? Pff, vous êtes un gangster. Vous aimez la musique classique ? Vous êtes boriiing [« ennuyeux », avec l’accent]. Il est temps qu’on s’ouvre les uns aux autres ! »

Et la mayonnaise prend, quitte à en agacer certains dans ce milieu feutré où compte autant la surface sociale que le capital économique. A 31 ans, Lorenzo Viotti vient de poser ses valises à Amsterdam pour prendre ses nouvelles fonctions de directeur musical de l’Opéra national et de l’Orchestre philharmonique des Pays-Bas. On l’interroge au bar d’un grand hôtel parisien, à quelques heures d’un concert à la Philharmonie de Paris. Il se montre concentré, voulant « rester fidèle à [son] idée du son ».

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Car le son en question a de quoi intimider l’élégant franco-suisse. Entre deux mélodies de Rachmaninoff, la monumentale Symphonie n° 10 de Chostakovitch célèbre la liberté retrouvée après la mort de Staline. « Pour moi, c’est un tourbillon d’émotions, lâche le chef. C’est très physique et très fatigant : on jongle du sarcasme à l’humour, en passant par l’agressivité folle, le grotesque, la violence, le côté glacial de la mort, la joie incontrôlée… Après un concert comme ça, je suis vidé. »

Un pont entre l’orchestre et le compositeur

En tant que « serviteur de cet art » comme il aime à se définir, Lorenzo Viotti se doit néanmoins de faire le pont entre l’orchestre et le compositeur – « c’est lui l’artiste, pas moi » souffle-t-il – mais aussi entre l’orchestre et son public. « Ce genre de musique n’a rien d’un divertissement gratuit : si vous n’avez pas accès à l’histoire, vous passez à côté d’une grande dimension émotionnelle » dit-il, convaincu de sa « responsabilité » à ouvrir les portes d’un « monde extraordinaire ».

Le jeune homme a baigné d’office dans ce monde extraordinaire – cette « bulle luxueuse », comme il la qualifie. Lorenzo est le fils du chef d’orchestre Marcello Viotti, ancien directeur musical de la Fenice à Venise, mort brutalement en 2005 à 50 ans, lui-même descendant du célèbre compositeur et violoniste italien Giovanni Battista Viotti. Un héritier, en somme.

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