Il y a cet adolescent marocain qui a abandonné la ferme familiale pour travailler dans le bâtiment près de Rabat, car les pénuries d’eau ont rendu les revenus de l’agriculture incertains. Ou cette famille qui a quitté sa région rurale du sud du Kirghizistan parce que sa source d’eau s’est tarie et ne lui permettait plus de vivre du pastoralisme. Ces parcours sont relatés dans le dernier rapport de la Banque mondiale intitulé « Groundswell » (« lame de fond »), publié lundi 13 septembre. Il avertit que le changement climatique constitue un facteur de migration de plus en plus puissant qui pourrait contraindre, d’ici à 2050, jusqu’à 216 millions de personnes à migrer à l’intérieur de leur pays à la recherche de meilleures conditions de vie.
« Il est important de noter que cette projection n’est pas figée, prévient Juergen Voegele, vice-président de la Banque mondiale, chargé du développement durable, dans un communiqué. Si les pays commencent dès maintenant à réduire les gaz à effet de serre, à combler les écarts de développement, à restaurer les écosystèmes vitaux et à aider les gens à s’adapter, les migrations climatiques internes pourraient être réduites jusqu’à environ 80 %. »
Ce rapport complète le premier du genre, publié en 2018 et focalisé sur trois régions du monde : l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique latine. L’institution avait alors projeté 143 millions de migrants climatiques d’ici à 2050 pour cet ensemble géographique. Elle a, cette fois, ajouté trois autres régions, l’Asie de l’Est et le Pacifique, l’Afrique du Nord ainsi que l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.
« Régions les plus pauvres »
Comme en 2018, les auteurs, avec l’aide d’universités américaines et allemandes, ont modélisé les déplacements de populations en utilisant trois scénarios. Dans le scénario pessimiste, basé sur des émissions de gaz à effet de serre élevées et un développement économique inégal – que la Banque mondiale qualifie de référence –, 170 millions de personnes en moyenne, et jusqu’à 216 millions dans la fourchette haute, pourraient quitter leur foyer d’ici au milieu du siècle. Cela représenterait près de 3 % de la population totale de ces régions. Le scénario de « développement plus inclusif », où l’économie s’améliore, évalue le nombre de déplacés climatiques à 125 millions en moyenne, tandis que celui « favorable au climat », avec une baisse des émissions, évoque 78 millions, avec une fourchette basse à 44 millions.
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