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« Ce qui domine, c’est cette aspiration à être unique » : la scène drag se métamorphose

Le succès de l’émission de télé-réalité de RuPaul sur Netflix a démocratisé un phénomène marginal, suscitant un renouveau artistique parisien en la matière.

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Publié le 25 mai 2020 à 08h24, modifié le 26 mai 2020 à 05h50

Temps de Lecture 5 min.

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Séance de lecture de contes par le collectif Paillettes, à La Gaîté-Lyrique, à Paris.

Confinement versus déconfinement, les propositions de master class en tout genre affluent sur Instagram. En têtes de gondole, les people ne veulent pas se faire oublier dans le déluge d’images qui hystérise les réseaux sociaux. On croise des personnalités parées à vous coacher comme Misty Copeland, première étoile afro-américaine de l’American Ballet, ou l’actrice Natalie Portman.

On tombe aussi sur la pub accrocheuse de RuPaul, star de la scène drag depuis les années 1990. En vedette sur Netflix avec son émission de télé-réalité, « RuPaul’s Drag Race », et la série AJ and the Queen, il propose des cours pour révéler en chacun la sublime créature qu’il dissimule. « Vous n’êtes pas nés pour vous adapter, vous êtes nés pour vous démarquer ! », clame-t-il.

« L’invention de soi qu’entraîne le drag touche beaucoup les jeunes », constate l’écrivain Julien Dufresne-Lamy

Devenir drag-queen est-il en passe de devenir un choix presque aussi banal que danseur ou comédien ? Le phénomène prend de l’ampleur. Les vedettes de la scène drag affolent les médias ; les tutos de make-up se multiplient ; les plates-formes de streaming rayonnent auprès du grand public – Netflix vient de produire un dessin animé, Super Drags. « C’est même devenu presque cool aujourd’hui d’être drag-queen », constate l’écrivain Julien Dufresne-Lamy, dont le livre Jolis jolis monstres (Belfond, 2019) plonge dans l’histoire de ce milieu dans les années 1980 à New York.

« L’invention de soi qu’entraîne le drag touche beaucoup les jeunes, poursuit l’auteur. Dans les fêtes, passer de l’autre côté du miroir en se travestissant en femme n’a plus rien de transgressif pour les 17-20 ans. Ce qui domine, c’est cette aspiration à être unique. Ce qui frappe aussi, c’est la démocratisation d’un mouvement à l’origine réservé aux marginaux et aux gays, qui a pour conséquence de lisser l’image de la drag-queen. Elle est auréolée d’un côté pop star alors qu’elle était plus pauvre, plus inventive aussi. » Comme le personnage de Jolis jolis monstres, James Gilmore, dont l’évolution « faux seins, faux ongles, faux cul… » vers la somptueuse Lady Prudence se joue à base de produits bradés et sublimement recyclés.

La scène drag parisienne connaît depuis dix ans un renouveau surprenant. Dans l’élan politique de la communauté LGBTQIA, des débats sur le genre, les soirées dans les clubs et bars se sont multipliées. « Il y a plus de 150 drag-queens sur Paris, en majorité amatrices mais très actives, du moins avant le confinement, et qui sont pour la plupart dans la dèche actuellement », commente Paul-Henri de Baecque/Jessica Triss, du collectif queer militant Les Paillettes, créé en 2014.

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