« Ici, c’est un espace de liberté ! » Dans son bureau perché au sommet de l’Odyssée, bercé par le léger tumulte de la place Kléber toute proche, Faruk Günaltay annonce la couleur. Le directeur du cinéma d’art et d’essai strasbourgeois s’impatiente de rouvrir prochainement les portes de son établissement, à l’instar des autres lieux de culture. Après plusieurs mois de frustration et d’incompréhension, son optimisme est néanmoins mesuré. « Nous sommes très contents de tourner cette page mais c’est un parcours du combattant qui nous attend. »
Printemps, été, automne ? En sept mois de fermeture, les cinémas ont eu le temps de parier sur la levée de l’interdiction d’ouvrir au public. « Nous avions émis plusieurs hypothèses plus ou moins favorables. Dans l’idéal, nous aurions rouvert dès avril, dans le pire des cas en septembre », se souvient M. Günaltay. En coupant la poire en deux, le gouvernement parvient vraisemblablement à satisfaire les professionnels du secteur. « J’ai envie de dire : enfin ! Nous espérons maintenant qu’il s’agira d’une véritable reprise », commente Laurence Algret.
Préférant voir le verre à moitié plein, la directrice de l’UGC-Ciné Cité de Strasbourg se concentre sur les bonnes nouvelles, notamment l’autorisation de vendre de la nourriture à consommer en salle, comme c’était déjà le cas à l’automne 2020. « Il fallait rouvrir coûte que coûte, donc nous aurions fait sans si cela avait été nécessaire, mais c’est un soulagement, concède-t-elle. La confiserie reste une part importante de nos revenus. » Une faveur qui n’allège toutefois pas le cahier des charges des salles, contraintes d’adapter leur programmation aux mesures sanitaires. [Mardi 4 mai, Roselyne Bachelot, ministre de la culture, a toutefois fait savoir que la vente de confiseries serait interdite à la réouverture des salles.]
« Sauver les meubles »
Si, pour l’instant, le couvre-feu s’applique de 19 heures à 6 heures du matin, il sera repoussé à 21 heures dès le 19 mai, puis à 23 heures le 9 juin avant de disparaître le 30 juin – si la situation le permet. Durant leurs trois premières semaines de reprise d’activité, les cinémas devront ainsi renoncer à la séance de 20 heures, qui attire près d’un spectateur sur quatre. « Nous devrons sans doute avancer la dernière séance de la journée à 18 h 30, mais tant qu’il est possible d’aller au cinéma après les heures de bureau, cela nous permet de sauver les meubles », estime Mme Algret.
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