NETFLIX - À LA DEMANDE - MINISÉRIE
Depuis quelques semaines, la Toile et les médias se font l’écho d’une déprime planétaire : en matière de série, il ne se passerait plus grand-chose d’intéressant sur Netflix. C’est à la fois vrai – la finesse du Jeu de la dame et de La Chronique des Bridgerton ne saurait faire oublier les chocs que furent Mindhunter ou Narcos à leur sortie – et un peu injuste, car la quantité de contenus mis en ligne sur la plate-forme tend structurellement à diluer le talent dans la masse. Halston vient à ce titre s’insérer pile entre les deux catégories. Le plus intéressant étant surtout de voir le nom de Ryan Murphy, showrunner maison et spécialiste de la série inclusive en costumes colorés, accolé à un projet relativement éloigné des tornades Ratched et Hollywood, diffusées sur Netflix en 2020.
A l’inverse de celles-ci, Halston fait en effet le choix de croquer une époque flamboyante avec une économie de moyens inédite. Scènes en intérieur, casting restreint… Les contraintes liées au Covid-19 ont sans doute pesé sur les choix de production mais il faut reconnaître que cette sobriété donne un espace inédit aux personnages, une forme d’ampleur aux sentiments et aux émotions développés par le dramaturge Sharr White, coscénariste des cinq épisodes.
Enfant de l’Indiana terrorisé par un père violent, Roy Halston Frowick (1932-1990) est un artiste insécure, créateur de chapeaux devenu couturier au début des années 1970, époque à laquelle les grands noms de la mode sont encore essentiellement européens. Se rêvant nouveau Balenciaga, Halston fera partie de ces quelques Américains, le plus souvent adossés à de riches investisseurs, qui viendront bientôt les talonner. Chouchou des stars – il compte parmi ses muses et modèles des mannequins et artistes en vogue –, le créateur connaît quelques années glorieuses avant d’être rattrapé par les contraintes d’un modèle économique cruellement exigeant.
Histoire d’une industrie
Halston est ainsi autant l’histoire d’un homme que celle d’une industrie gourmande en capital et peu rentable, à moins de multiplier les lignes et les collections, de vendre licence sur licence, de développer accessoires et parfums (une des plus belles scènes montre Halston fouiller sa mémoire olfactive)… Autant de produits dérivés qui donnent de la valeur à la marque tout en la galvaudant, ce à quoi Halston ne peut se résoudre. Tout comme il refuse de voir que la mode et les modes changent, que le secteur s’internationalise, que la concurrence s’exacerbe et qu’il n’a ni le talent ni le professionnalisme de ses idoles.
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