Peu de rappeurs français peuvent se vanter d’avoir, à 28 ans, déjà dix années de carrière bien remplies, d’Olympia joué à guichets fermés au disque de platine. C’est le cas de Georgio, qui a publié le 7 mai son quatrième album, Sacré, accompagné d’un livre tiré en édition limitée, intitulé Instants Sacrés – Première décennie. Un ensemble qui entend témoigner de sa passion pour le rap et de l’évolution rapide de cette musique. Pas vraiment une autobiographie mais une photographie de ce qui l’a amené à aimer le rap, de 2011 à 2021.
Assis dans un sofa de sa maison de disques, le rappeur au visage toujours enfantin, malgré les années qui passent et sa taille de basketteur, est plutôt satisfait de lui : « J’ai l’impression que c’est mon meilleur album, lance-t-il. Il a le fond et la forme que je voulais. C’est le premier disque où j’ai l’impression de dire ce que j’ai envie vraiment comme je le veux, et d’avoir une forme qui me ressemble. » Sur les 18 morceaux de Sacré, album aussi mélancolique qu’énergique, Georgio, de son vrai nom Georges Edouard Nicolo, a co-composé onze titres et a fait appel à des musiciens plutôt que d’utiliser des machines.
Il invite d’autres rappeurs : S.Pri Noir pour Full Moon, un satellite comme lui du collectif L’Entourage, Kalash Kriminel qui est pourtant loin de son style de rap. Dans leur duo, Emotions masquées, les deux échangent sur leurs difficultés à avouer à leurs proches ce qu’ils ont sur le cœur. De cœur il est encore question dans Petit Prince, où Georgio raconte comment, adolescent, il a réussi à vaincre l’échec scolaire en mettant sur le même piédestal le rap et la littérature, ses deux passions. Il y rappe : « Je fais ma musique avec le cœur, faute de français, de grammaire, rejeté du système scolaire et je m’endors avec Jay-Z et Jacques Prévert. Petit Prince au milieu de l’univers. »
Ancien cancre
« J’ai détesté ma scolarité, commente Georgio, je ne trouvais pas du tout ma place. Je dis ça dans Petit Prince avec une certaine insolence car les auditeurs mettent aujourd’hui en avant ma qualité d’écriture mais franchement, s’ils lisaient mes textes, ils s’arracheraient les cheveux, c’est bourré de fautes. Je trouve ça très discriminant la grammaire. Ce n’est pas parce qu’il y a des fautes que les idées ne sont pas fortes, que le message ne passe pas. J’en ai souffert, j’ai arrêté l’école pendant un an à l’âge de 14 ans à cause de ça. »
Aujourd’hui, l’ancien cancre a pris sa revanche, il avoue dans Je te dirai tout qu’il a, comme beaucoup d’artistes, cherché encore plus de gloire, voulant suivre entre autres les traces de son collègue Nekfeu avant d’y renoncer : « Je me suis rendu compte que le succès n’était pas important, prétend-il. Le bonheur est ailleurs. J’ai la chance d’avoir un public très fidèle. Pendant longtemps, cela m’a tiraillé cette envie d’être numéro 1 mais là, je me rends compte que ce qui me rend heureux, c’est de pouvoir vivre de ma musique en faisant la meilleure possible, sans compromis. »
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