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« Je suis noire et je n’aime pas Beyoncé » : voyage au cœur du féminisme africain francophone

En 2021, peut-on encore méconnaître l’apport des féministes noires francophones dans l’histoire de ce mouvement ? L’autrice Axelle Jah Njiké livre une formidable série documentaire sur cette question pour France Culture.

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Publié le 12 juin 2021 à 16h00, modifié le 20 novembre 2021 à 15h10

Temps de Lecture 2 min.

Une passionnante analyse sur les origines du féminisme africain et « afropéen ».

FRANCE CULTURE - A LA DEMANDE - SÉRIE DOCUMENTAIRE

« Au départ de cette série, ces féminismes noirs et francophones dont souvent on ne connaît pas l’histoire, à moins qu’on ne l’ait oubliée ou pire qu’on ne l’ait pas encore faite », ouvre Perrine Kervran en introduction de la passionnante série documentaire d’Axelle Jah Njiké. Celle-ci, autrice et militante féministe – créatrice du podcast « Me, My Sexe and I » sur l’intimité des femmes noires –, interroge : « Existe-t-il un féminisme africain, noir ? Un féminisme “afropéen” ? Quels sont les défis et les obstacles rencontrés par les femmes dans les sociétés africaines et en Europe ? »

Première femme de sa lignée maternelle à savoir lire et écrire, qu’a-t-elle reçu en héritage, elle qui a donné la vie à une fille mais n’a pas eu la chance de grandir auprès de sa propre mère, restée au Cameroun – dont le parcours d’émancipation deviendra pourtant un véritable modèle ? Axelle Jah Njiké rend, à travers son exploration historique, des hommages vibrants aux autrices pionnières, comme Mariama Bâ et sa Si longue lettre (2001, Le Serpent à plumes) ou Awa Thiam, autrice de La Parole aux négresses (1978, Denoël-Gonthier). Un livre dans lequel l’anthropologue et cofondatrice du collectif Coordination des femmes noires donne la parole à de jeunes Maliennes, Sénégalaises, Nigérianes, Guinéennes, qui témoignent, à la première personne, des problématiques des mutilations génitales, de la polygamie ou de la pratique de la dot.

Avant que la juriste américaine Kimberlé Crenshaw n’invente le concept d’« intersectionnalité », Awa Thiam avait articulé sexisme, racisme et classisme comme des systèmes d’oppression s’exerçant concomitamment sur les femmes africaines. « Nous n’étions plus l’objet de la littérature coloniale exotique mais sujet et objet de notre propre littérature », souligne Fatou Sow, sociologue sénégalaise et militante féministe de 80 ans.

Difficulté de l’identification

Le titre du documentaire, Je suis noire et je n’aime pas Beyoncé, dit toute la difficulté de l’identification à des figures noires anglophones, comme celles de Chimamanda Agozi Adichie, autrice du roman Americanah, ou de la star préférée du couple Obama, Beyoncé.

C’est l’objet du quatrième épisode, qui s’intéresse aux militantes actuelles, à travers la musique, le cinéma, la pop culture, et aux outils tels que les réunions en non-mixité, restituant la complexité de ces questions avec Audrey Célestine (Des vies de combat. Femmes noires et libres, 2020, L’Iconoclaste) ou la réalisatrice Amandine Gay.

Le filtre de l’histoire personnelle douloureuse d’Axelle Jah Njiké, les témoignages intergénérationnels à l’authenticité bouleversante, les éclairages scientifiques divers qu’elle a rassemblés racontent à merveille le combat pour rompre le silence, parler de soi et arracher le droit de toute femme d’être un sujet à part entière. La documentariste autodidacte rétablit aussi la juste place des Africaines francophones dans les féminismes, à travers leur apport théorique et concret. Ces parcours au cœur de l’universel rappellent à quel point les visages du féminisme sont pluriels.

« Je suis noire et je n’aime pas Beyoncé, une histoire des féminismes noirs francophones », une série documentaire d’Axelle Jah Njiké, réalisée par Marie-Laure Ciboulet, (France, 2021, 4 x 55 minutes), disponible sur Franceculture.fr.

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