LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, le cinéma investit tous les genres (fantastique, comédie, drame, documentaire), embarque ici et ailleurs (Irlande, Mongolie, Sahara…), s’amuse des travers de la société et de la famille, prend au sérieux l’adolescence et ses doutes, filme la guerre, fait résonner le bruit, la fureur et le silence. Les films ouvrent leurs carnets de route, multiplient les horizons, font vibrer la lumière comme pour mieux faire oublier l’année écoulée.
- A ne pas manquer
« La Nuée » : les sauterelles vampires de Just Philippot
Avant d’entrer sous la serre où Virginie (Suliane Brahim, pensionnaire de la Comédie-Française) élève ses sauterelles, un mot pour situer La Nuée, de Just Philippot, dans le ciel étoilé des films de genre : d’emblée, précisons que ce premier long-métrage ne ressemble à aucun autre thriller, malgré son cousinage assumé avec quelques monuments tels que Les Oiseaux (1963), d’Alfred Hitchcock, les insectes faisant écho à la menace entêtante des goélands et corbeaux. Issu du laboratoire Sofilm de genre, créé en 2016 par Thierry Lounas, producteur et cofondateur de Capricci, La Nuée crée un suspense made in France, au sens où le fantastique se nourrit du réel le plus tristement banal de la société contemporaine.
En ce début de XXIe siècle, les réalisateurs n’ont presque plus besoin d’inventer une catastrophe : celle-ci est en train d’advenir, à pas lents ou à battements d’ailes. Et si nos yeux n’étaient pas encore dessillés, un ticket de cinéma suffirait à les ouvrir, grâce à un effroi intelligemment séquencé. Alors, il faut courir en salle, et ce message s’adresse aussi bien aux accros de films de genre qu’aux citoyens férus d’alternatives paysannes, alimentaires, économiques, et tout ce que l’on voudra. Clarisse Fabre
« La Nuée », film français de Just Philippot. Avec Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne (1 h 41).
« Crock of Gold » : l’épopée rock de Shane MacGowan
Affaissé dans son fauteuil roulant, l’enfant terrible du folk-punk irlandais, le chanteur des Pogues, ricane d’un raclement de gorge. Shane MacGowan, 63 ans, a beau nous apparaître le corps à bout de course, exténué par trop d’excès, il conserve l’esprit vif du lascar à qui on ne la raconte pas. Et de sa vie, il n’a rien oublié. Son enfance en Irlande, son exil en Angleterre, l’alcool et la drogue, la musique, la politique… Il remonte le temps sans regrets, le caractère irascible mais le discours intelligent, poétique et drôle. Il est un personnage sur lequel pourraient s’écrire plusieurs films. Celui qu’a réalisé le cinéaste britannique Julien Temple (auteur des documentaires Joe Strummer : The Future Is Unwritten, consacré au fondateur des Clash ; L’Obscénité et la Fureur, sur les Sex Pistols), en contient, à lui tout seul, quelques-uns.
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