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Avignon : avec « La Petite dans la forêt profonde », Pantelis Dentakis met en scène l’horreur tout en délicatesse

Pour sa première apparition au festival, le metteur en scène et acteur grec livre une adaptation originale du mythe de Procné et Philomèle, réécrit par Philippe Minyana.

Par  (Avignon, envoyée spéciale)

Publié le 24 juillet 2021 à 09h00

Temps de Lecture 2 min.

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« La Petite dans la forêt profonde », de Pantelis Dentakis, sur un texte de Philippe Minyana, au Festival d’Avignon 2021.

Pour sa première apparition au Festival d’Avignon, le metteur en scène et acteur grec Pantelis Dentakis a réussi un très joli coup avec le spectacle intitulé La Petite dans la forêt profonde, à l’affiche pendant trois jours seulement mais au rythme de deux représentations quotidiennes au gymnase du lycée Saint-Joseph. Entre vidéo, manipulation d’objets et théâtre, avec seulement deux acteurs, il fait surgir avec finesse, mais dans toute sa fureur, le mythe grec de Procné et Philomèle dont la monstruosité éclabousse le plateau sans qu’une seule goutte de sang soit versée. Et pourtant, quelle chair de poule !

Ce conte, réécrit par l’auteur français Philippe Minyana, raconte une vengeance à peine imaginable. Térée viole Philomèle, sœur de sa femme Procné, et lui coupe la langue pour l’empêcher de parler : les deux femmes se vengent en tuant et cuisinant son fils pour le lui faire manger. Face à face, deux acteurs, Katerina Louvari-Fasoi et Polydoros Vogiatzis, habillés en noir, sont debout de chaque côté de la maquette d’une scène de théâtre. Ils y posent et déplacent des figurines représentant les personnages tout en jouant au micro les différents rôles. Derrière eux, sur grand écran, un film est projeté qui décline l’action en cours au gré de gros plans sur les poupées miniatures, troublantes, créées par la plasticienne Kleio Gizeli.

Strates multiples

Malgré sa modestie apparente, le dispositif active des strates multiples. L’éclatement de l’histoire entre micro-gestes et macro-images fait virevolter le regard. D’un côté, on est happé par les mini-accessoires délicatement ajoutés à la pince par les acteurs, et de l’autre, on prend de plein fouet l’image du visage du violeur, de son ventre proéminent, les cheveux délicatement tressés de la petite fille, ses yeux qui chavirent. Un ridicule petit canif brandi par le comédien taillade aussi méchamment qu’un poignard. Rien n’est montré : tout est suggéré dans ces allers-retours surfilés d’un suspense qui adoucit l’horreur du sujet mais ne désamorce pas sa barbarie.

Ce jeu d’échelles et d’intensités tient aux voix des performeurs. Katerina Louvari-Fasoi et Polydoros Vogiatzis incarnent tous les personnages, passant des deux sœurs au mari ou au fils. Ils glissent d’un registre à l’autre, modulent les sons, triturent les rythmes avec brio. Ils osent l’expressivité, les excès émotionnels, les pleurs, les halètements, bruitant aussi les rebondissements de ce récit cruel sans jamais saturer le propos. Interprété en grec, surtitré en français et en anglais, La Petite dans la forêt profonde est un bijou dont la délicatesse est au service de la férocité.

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