Les frères Flandrin sont trois : Auguste (1804-1842), Hippolyte (1809-1864) et Paul (1811-1902). Ils sont lyonnais et peintres. Leurs parents habitent près du palais Saint-Pierre, devenu Musée des Beaux-Arts, où se tient aujourd’hui leur exposition. C’est en ces lieux qu’enfants, ils prennent le goût de l’art et veulent s’y consacrer, en dépit des réticences de leur mère, qui s’inquiète de les voir prendre une voie réputée conduire à la misère.
Ses pronostics seront démentis et deux des trois Flandrin auront des carrières prospères, l’aîné étant mort jeune. Il s’est inscrit le premier à l’école des beaux-arts de leur ville natale en 1817, à peine adolescent, suivi d’Hippolyte en 1826 et de Paul en 1827. Les deux cadets viennent à Paris dès 1829 et se retrouvent, moins par projet que pour suivre les conseils d’un autre Lyonnais, Joseph Guichard, dans l’atelier d’Ingres. Ils en deviennent des fanatiques. En 1832, après deux échecs les années précédentes, Hippolyte gagne le prix de Rome et cinq ans à la villa Médicis.
L’œuvre primée – Ingres ayant joué un rôle essentiel auprès du jury – traite d’un sujet mythologique, Thésée reconnu par son père. Sous un portique, avec Acropole d’Athènes à l’arrière-plan, hommes et femmes en toge regardent le héros, qui, on ne sait pourquoi, a omis de s’habiller. Comme il est au centre et de face, afin d’éviter toute obscénité, le peintre a placé sur la table des côtes d’agneau en manière de cache-sexe, une solution originale.
La critique du temps ne signale pas ce détail, mais juge sans aménité la couleur et le peu de vraisemblance des attitudes. Les adversaires d’Ingres accusent Flandrin de plagier son professeur et d’être le champion de sa coterie. Hippolyte répond, tout en nuances : « Notre combat est la lutte du bien et du mal, ces deux principes ne se réconcilieront jamais. » Jusqu’à la fin, il n’a pas transigé là-dessus et Paul pas davantage.
Elément de prestige social
Etudes de nus féminins et masculins, scènes religieuses, portraits : ils demeurent d’une fidélité à leur maître que l’on peut juger admirable ou aveugle. Le Jésus-Christ et les petits enfants (1836-1838) d’Hippolyte autant que son Jeune homme nu assis sur un rocher au bord de la mer (1835-1836) ou, plus tard, ses dames de la bonne société assises dans leurs fauteuils doivent à Ingres leur méthode et leur fixité.
Des dessins préparatoires, répétés jusqu’à parvenir à des formulations plastiques considérées comme parfaites, précédent l’intégration de celles-ci dans une composition non moins méditée sur le papier qui est ensuite exécutée minutieusement à l’huile sur toile. Hippolyte ou Paul ? Paul ou Hippolyte ? Il serait souvent difficile de se prononcer sans les cartels. Moins nombreuses en raison de sa mort précoce, les œuvres d’Auguste se rangent sous la même autorité.
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