NETFLIX – À LA DEMANDE – SÉRIE
A contre-courant du pessimisme et de l’hyperréalisme qui colorent depuis quelques années les séries pour ados, Sex Education faisait souffler lors de son lancement, en janvier 2019, un vent de folie et d’optimisme sur la sexualité des jeunes. Grand catalogue des interrogations érotiques et amoureuses de jeunes Britanniques plutôt privilégiés, la série créée par Laurie Nunn avait enthousiasmé critiques et spectateurs de tout âge grâce à son écriture crue, sa mise en scène lumineuse et un panel de jeunes acteurs séduisants.
Autant dire que la saison mise en ligne ce vendredi sur la plate-forme nourrit des attentes à la hauteur du temps qu’il aura fallu patienter pour la voir : plus d’un an et demi depuis la saison 2. Or, la série pour ados a ceci de contraignant qu’elle saisit un moment très court dans l’existence d’un personnage. Au bout de trois ans, les acteurs incarnant les lycéens de Moordale, déjà tous plus âgés que leur rôle – scènes de sexe obligent –, ont pris un petit coup de vieux. Cela confère à cette saison une légère gravité, quelque chose qui évoque le temps qui passe et la mélancolie inhérente au fait de devenir adulte.
Peu de têtes nouvelles s’ajoutent aux effectifs de Moordale en cette rentrée scolaire – la dernière pour la plupart des personnages qui seront bientôt majeurs. Le grand changement vient d’en haut, en la personne de Hope Haddon, nouvelle proviseure du lycée nommée pour redorer le blason de l’institution terni par l’existence d’une « clinique du sexe » clandestine en ses murs et une sévère épidémie de chlamydia.
Multiples intrigues romantiques
Hope incarne une révolution conservatrice d’autant plus insidieuse qu’elle avance masquée sous les traits avenants et l’allure rock’n’roll de Jemima Kirke (la Jessa de Girls). Symbole des menaces qui planent sur les droits sexuels et reproductifs, le conflit entre Hope et ses élèves permet à la série d’élargir habilement, notamment dans ses premiers épisodes, son propos au système scolaire en général et à son adaptation aux changements du monde.
Autour de cet arc gravitent de multiples intrigues romantiques : les amours d’Otis, Maeve et Isaac, d’Amy et Steve, d’Ola et Lily sont filmées avec le même souci d’inclusivité que dans les précédentes saisons. Celle-ci s’élargit, même, avec la maternité « tardive » de Jean Milburn (Gilian Anderson) et les questions sur la non-binarité soulevées par le personnage de Cal (Dua Saleh). La force de Sex Education reste de traiter ces sujets sans jamais se départir de ce ton léger, fondamentalement joyeux, qui n’est possible que parce que Moordale représente une sorte d’idéal, un lieu où la vérité et le dialogue finissent toujours par triompher. Plus que jamais, Sex Education est le grand « safe space » de la série pour ados.
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