TF1 – LUNDI 20 SEPTEMBRE À 21 H 05 – SÉRIE
Il y a sans doute autant d’affaires Villemin que de Français. Le meurtre de Grégory et ses répliques sans fin se sont glissés dans les intimités, parfois clandestinement. En 1984 et 1985, l’auteur même de ces lignes a délibérément ignoré l’affaire. En 2006, quand France 3 l’a diffusée (suivie par Arte en 2008), on n’avait pas vu L’Affaire Villemin, la série réalisée par Raoul Peck, écrite par Pascal Bonitzer, malgré les louanges qui l’ont accompagnée. Il y a deux ans, on n’avait pas laissé Grégory, la série documentaire de Gilles Marchand apparaître parmi nos favoris Netflix.
Et pourtant. En découvrant Une affaire française, la série créée par Jérémie Guez, réalisée par Christophe Lamotte, que diffuse TF1, il n’est pas un nom, pas un détail qui ne soit pas familier. La saturation médiatique, qui a atteint des paroxysmes dans les mois qui suivirent le meurtre, le 16 octobre 1984, n’est jamais vraiment retombée. L’histoire de la famille Villemin, du juge Lambert, des avocats, des enquêteurs et des journalistes dépêchés sur les rives de la Vologne (une rivière des Vosges), a pénétré par osmose dans chaque conscience.
Reste à démêler cet écheveau, tout en sachant que certains nœuds ne se déferont jamais. Tâche à laquelle Une affaire française s’attelle avec humilité et sobriété. On reconnaît tout de suite les instruments d’une série historique. Sans ostentation, la série se transporte au milieu des années 1980, dans une France qui n’en finit pas de se réveiller du rêve exquis des « trente glorieuses ». Le dessin des automobiles, la coupe des vêtements collent tout autant à l’époque qu’aux détails de l’affaire, comme ce salon de cuir acheté par Christine et Jean-Marie Villemin juste avant la mort de leur fils et dont il fut écrit qu’il aurait pu susciter une mortelle jalousie.
Histoire de mécanique
Comme la mise en scène se contente d’énoncer, de mettre en place, ces éléments sans les charger d’émotions, Une affaire française est surtout une histoire de mécanique. Les rouages sont ceux des institutions qui s’emparent de cette histoire : dans l’ordre chronologique, la gendarmerie, la justice, la presse (essentiellement écrite, en cette époque reculée) et, enfin, la police. Reste à incarner ceux qui mettent en mouvement la machine et ceux qu’elle broie. Et puisque l’on n’ignore rien du destin de chacun des protagonistes, on sait que certains – à commencer par le juge Lambert, suicidé en juillet 2017 – furent aussi bien broyeurs que broyés.
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