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« Manchester by the Sea », sur OCS City : un mélodrame noueux et cristallin comme un matin d’hiver

Kenneth Lonergan bouleverse avec un récit centré autour d’un Casey Affleck taiseux, qui tente de se reconstruire après un drame.

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Publié le 28 septembre 2021 à 20h30

Temps de Lecture 2 min.

Lee ­Chandler (Casey ­Affleck) et son neveu Patrick (Lucas Hedges) dans « Manchester by the Sea », de Kenneth Lonergan.

OCS CITY – MARDI 28 SEPTEMBRE À 22 H 40 – FILM

Auteur d’un cinéma intimiste d’une amplitude et d’une sensibilité devenues rarissimes dans le ­cinéma américain, Kenneth Lonergan livre avec Manchester by the Sea (2016) un ­récit bouleversant, mélodrame noueux et cristallin comme un matin ­d’hiver, débarrassé des canons comme des facilités du genre. Chaque œuvre de ce réalisateur hors norme ressemble à un accident, fût-il miraculeux.

Lire aussi l’entretien : Article réservé à nos abonnés Kenneth Lonergan, modeste phénix

Au centre du tableau, Lee ­Chandler (Casey ­Affleck), barbu, transi, le corps disparu sous les couches de vêtements. Il est l’homme à tout faire d’un grand ensemble, logeant en ermite dans un gourbi, macérant dans les tuyauteries d’autrui comme on célèbre un martyre résolu. Personnage de part en part opaque, perclus, intense, granitique, englouti dans une douleur qui ne dit pas son nom et que le film mettra du temps à révéler. Douleur de laquelle il s’extirpe à intervalles réguliers, en faisant, de manière alcoolisée et arbitraire, le coup de poing dans les bars.

Mise en scène éblouissante

Ce zombie, le film va insensiblement nous apprendre à le connaître. Le talent du réalisateur éclate dans la mise en scène éblouissante qui permettra de lever le voile sur son mystère et sa culpabilité, dans un lyrisme délicat, puis de plus en plus intense et poignant. L’accablement minéral qui cloue le héros au sol, Lonergan va lentement l’entamer, à compter d’un coup de téléphone. C’est l’hôpital qui annonce à Lee la mort de son frère, marin pêcheur malade de longue date, qui l’a désigné comme tuteur de son fils, Patrick.

Lire la critique de « Manchester by the Sea » : Article réservé à nos abonnés La souffrance océanique d’un homme brisé par la vie

De retour à Manchester by the Sea (Massachusetts), sa ville natale désertée, Lee, qui ne sait pas plus sentir les choses qu’il ne parvient à s’exprimer, voudrait tout bazarder de l’héritage du défunt, quitter la ville et emmener avec lui son neveu, adolescent grave et résolu, pour, grosso modo, l’emmurer vivant dans son gourbi. Patrick, étonnamment mature, tente de ménager son oncle, tout en lui résistant fortement, lui qui veut vivre, voir ses amis, conserver le fer au feu de ses deux amantes, garder le bateau de son père, tel le bien le plus précieux que celui-ci lui a légué.

Le titre du film, qui est celui du décor dans lequel il se déroule, saisit la forme et le fond, l’esprit même du récit. Le bleu-gris de la ville balnéaire de la Côte est des Etats-Unis, la brique des immeubles, la morsure de l’hiver, la peine qui, tel un manteau de neige, semble tout recouvrir, mais aussi le rayonnement de la lumière océanique, les heures insouciantes, les moments heureux dont on ne se doute pas combien ils seront chèrement payés. Rien, ici, de plombé. Juste une question, battante comme un cœur dévasté : comment survivre au désastre qui nous sépare, sans retour, de ceux qu’on aime ?

Manchester by the Sea, film de Kenneth Lonergan. Avec Casey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler, Gretchen Mol, Lucas Hedges (EU, 2016, 2 h 18). OCS City

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