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Série : « Germinal », le souffle noir de Zola pour le XXIe siècle

La minisérie à gros budget de France 2, adaptée du classique littéraire, s’avère digne de la mémoire qu’elle veut célébrer.

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Publié le 27 octobre 2021 à 04h11, modifié le 27 octobre 2021 à 04h44

Temps de Lecture 3 min.

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Les six épisodes de « Germinal », adaptés du roman d’Emile Zola, sont réalisés par David Hourrègue.

Il y a le texte, le roman d’Emile Zola publié à l’hiver 1885, souvent avalé de force entre 3e et 1re. Il y a l’enjeu de politique culturelle : une chaîne publique française est-elle capable de concurrencer les studios anglo-saxons et les plates-formes de streaming ?

On fera comme si de rien n’était, comme si Germinal arrivait enveloppé de son seul nuage de poussière, une invitation lancée par une jeune équipe – emmenée par le réalisateur David Hourrègue et le scénariste Julien Lilti – à se déplacer dans le temps et dans l’espace pour voir et entendre l’histoire des mineurs du Nord, au moment où le charbon alimentait les poêles des foyers ouvriers, les premières centrales électriques et les hauts fourneaux des usines Krupp ou Wendel. L’expérience est parfois déconcertante, toujours stimulante, finalement enthousiasmante.

En arrivant à Montsou, petite ville tout entière tournée vers le carreau de la mine, sur les pas d’Etienne Lantier (Louis Peres), mi-vagabond mi-prosélyte du socialisme, on découvre les impératifs contradictoires qui guident les créateurs de Germinal du XXIe siècle. La fidélité à l’histoire du mouvement ouvrier naissant d’une part, la nécessité de faire de ces hommes et ces femmes, aujourd’hui perdus dans la nuit des temps, nos prochains.

Epreuve initiatique

Comme Lantier, qui se rend vite compte que ses thèses sur la lutte des classes auront besoin d’être acclimatées dans les corons, il va falloir se résoudre à prendre un peu de temps pour se sentir à l’aise dans l’univers conçu par Lilti et Hourrègue. On y parle ni comme dans les dialogues de Zola, ni comme dans ces reconstitutions historiques à la française qui pastichent la belle langue des siècles passés. Les acteurs sont en costumes d’époque, mais les auteurs ont renoncé à fixer précisément le temps de l’histoire (que le romancier avait située sous le Second Empire, ici, on pourrait être aussi bien dans les premiers temps de la IIIe République). Pas ou peu d’accent non plus, et les acteurs n’ont pas forcément la physionomie que l’on attendrait de leurs personnages, à l’image de Steve Tientcheu, vu dans Les Misérables, de Ladj Ly, qui incarne Rasseneur, l’ancien mineur devenu cabaretier.

Ces innovations dans la fiction française – voilà quelques années que longs-métrages, séries américaines et britanniques pratiquent l’argot moderne en perruque poudrée (La Favorite) ou le colorblind casting (Bridgerton) – et les nécessités de l’exposition font des premières séquences de Germinal une espèce d’épreuve initiatique, pas désagréable mais souvent frustrante. Mais arrivé à la fin du deuxième épisode, on s’aperçoit que l’on est plongé tout entier dans une histoire qui ne cesse de prendre de l’ampleur, de s’accélérer, de broyer ou d’exalter ses personnages.

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