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Uber à la conquête des routes africaines

Le leader des VTC, implanté dans plus d’une dizaine d’agglomérations du continent, testerait la moto avec chauffeur à Nairobi.

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Publié le 25 mai 2016 à 17h34, modifié le 10 juin 2016 à 20h34

Temps de Lecture 3 min.

Embouteillages dans le centre de Nairobi en raison de la protestation des taxis contre l’implantation d’Uber au Kenya, le 14 avril 2015.

Les routes africaines, voilà le nouvel eldorado du géant américain Uber. Leader des voitures de transport avec chauffeur (VTC), il s’est implanté dès août 2013 à Johannesburg, la capitale économique de l’Afrique du Sud. Il a depuis étendu ses ser­vices à une dizaine de villes du continent, dont Lagos (Nigeria), Le Caire (Egypte), Nairobi (Kenya) et Casablanca (Maroc). Et dans quelques mois, les chauffeurs pourront utiliser son application pour trouver des clients dans trois autres pays – l’Ouganda, la Tanzanie et le Ghana.

« L’Afrique est le dernier continent dont le potentiel n’a pas encore été exploré. Le manque de transports publics y est un problème majeur pour les agglomérations et nous offrons une véritable alternative à la voiture individuelle », se félicite Alon Lits, directeur général d’Uber en Afrique subsaharienne, qui a désormais dans sa ligne de mire le Sénégal et la Côte d’Ivoire. « Dans la ­plupart des villes où nous sommes présents, les gens ont un chauffeur à leur disposition en quatre ou cinq minutes. »

Au-delà des voitures, la moto représente une opportunité de développement très attrayante. Uber propose déjà cette option dans des villes asiatiques ultra-encombrées, comme Jakarta, en Indonésie, et Bangalore, en Inde, et pourrait bientôt le tester à ­Nairobi. Alors que la logistique est un problème majeur sur le continent, Uber compte aussi sur sa force de frappe pour investir le créneau de la livraison, sur le modèle d’UberEats, un service de ­livraison de repas lancé au début de l’année aux Etats-Unis et en Europe. « Une fois que le réseau est bâti, les voitures peuvent transporter n’importe quoi, souligne Alon Lits. Nous avons par exemple fait un test avec des glaces au ­Nigeria et en Afrique du Sud. »

Antécédents criminels

Seule limite pour l’instant à l’extension de l’offre : la couverture en réseau mobile 3G qui permet d’accéder à Internet sur son téléphone. Elle s’arrête aux grandes villes ou bien est très aléatoire en zone rurale, dans lesquelles les besoins de transport sont pourtant gigantesques. « Nous réfléchissons à une interface simplifiée qui fonctionnerait avec des téléphones GSM, mais nous comptons surtout sur l’amélioration de la couverture », explique Alon Lits.

Pour recruter ses chauffeurs, Uber a dû adapter son « screening » ­(sélection). En Afrique du Sud, les chauffeurs doivent obtenir un permis spécifique délivré par les autorités après vérification de leur casier judiciaire. Mais en procédant à ces vérifications, Uber s’est aperçu que 10 % à 15 % d’entre eux avaient, malgré tout, des ­antécédents criminels. Et à Lagos, où il s’appuie sur les registres de la police, le groupe a constaté que certaines infractions n’étaient en réalité pas consignées. « Nous avons mis en place un système de recommandation – quelqu’un doit se porter garant pour le chauffeur – et nous développons un test psychométrique pour mieux cerner les candidats », confie Alon Lits.

Accusation de concurrence déloyale

En revanche, Uber se refuse à mettre en place un service spéci­fique pour les femmes avec des chauffeurs exclusivement féminins. « Nous y avons beaucoup ­réfléchi, mais nous ne voulons pas créer de doute : si notre service est sûr, il l’est pour tout le monde », justifie Alon Lits en rappelant que les utilisateurs peuvent demander à une personne de leur choix de suivre en temps réel leur trajet.

Le modèle économique de cette ancienne start-up valorisée près de 70 milliards de dollars (63 milliards d’euros) a aussi été adapté aux moyens de financement limités des chauffeurs. Pour les aider à acquérir leur véhicule une fois qu’ils ont fait leurs preuves au ­volant d’une voiture louée, Uber transmet aux banques les informations attestant de leurs revenus. « Nous n’investissons pas d’argent et nous ne nous portons pas garants, mais cela réduit les obstacles », précise Alon Lits, qui reste discret sur les revenus moyens empochés par les chauffeurs.

Comme ailleurs dans le monde, l’arrivée du géant américain ne fait cependant pas que des heureux. En Afrique du Sud, les heurts se sont multipliés ces ­dernières semaines entre les chauffeurs Uber et les taxis qui les accusent de concurrence déloyale en raison des bas tarifs qu’ils pratiquent. Au Kenya, des voitures ont été vandalisées, et en Egypte, le gouvernement a promis de mieux encadrer l’activité des VTC à la suite d’une vague de manifestations.

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