Le double record qu’est en train de battre, en cette année 2019, le marché de la vente de logements anciens fait naître toujours plus de vocations chez les agents immobiliers. Ils ne peuvent qu’être attirés par le 1,017 million de transactions conclues, au 30 juin, sur douze mois – du jamais-vu depuis quarante ans –, à des prix élevés comme jamais, en moyenne 10 000 euros le mètre carré à Paris, mais qui s’envolent aussi à Lyon ou à Nantes, et sur lesquels sont basés leurs honoraires. La commission moyenne est, en effet, de 4,2 %, ce qui, sur un bien de 250 000 euros, promet une rémunération de 10 500 euros.
Pourtant, dans cet eldorado, aucun leader, aucune marque ne domine. Le secteur reste émietté et chaque négociateur ne traite, en moyenne, qu’une quinzaine d’affaires par an : « Autant, dans le domaine de l’administration de biens, la concentration a eu lieu avec l’émergence de grands groupes tels Foncia, Nexity, Citya, explique Jean-Marc Torrollion, le président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), autant la transaction compte une myriade de petites entreprises, 27 366 au 15 juin, dont 93 % de moins de dix employés, souvent de simples agents commerciaux non pas salariés mais payés à la commission. » Au total, la profession recensait en juin 2019 près de 66 500 salariés, auxquels s’ajoutent 59 000 agents commerciaux indépendants.
La concentration s’est en revanche produite autour des sites d’annonces comme SeLoger, réservé aux professionnels et qui vient de racheter le site MeilleursAgents, ou Leboncoin, devenus incontournables et dont la puissance et les tarifs, en augmentation, inquiètent les agents immobiliers. Fin 2015, la Fnaim contre-attaquait en ouvrant son propre site, Bien’ici, aujourd’hui classé 5e, avec 4,2 millions de visites par mois, loin derrière Leboncoin (48,7 millions de visiteurs pour l’immobilier) ou SeLoger (12 millions), selon le comparateur indépendant Meilleursreseaux.com.
65 % des sondés jugent les frais d’agence trop élevés
L’arrivée, dans les années 1990, de réseaux de franchises et autres regroupements d’agences comme Century 21, Laforêt, la coopérative ORPI ou Guy Hoquet, qui avaient bien l’intention de grignoter des parts de marché à la vente directe entre particuliers, a certes fédéré les indépendants et poussé à la modernisation des pratiques, mais n’a pas modifié le paysage. Aucun n’a pris l’ascendant sur les autres : aujourd’hui, tous acteurs confondus, les professionnels réalisent 70 % des transactions, les notaires 5 % et les 25 % restants se traitent entre particuliers, une proportion stable depuis plusieurs décennies. Century 21 et ORPI réalisent chacun environ 45 000 ventes par an, soit à peine 4,5 % de part de marché. A titre de comparaison, le site PAP de vente entre particuliers annonce 125 000 transactions.
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