Là où tant d’entreprises textiles ont été décimées par la concurrence étrangère, une nouvelle vient de naître en Alsace, Barral, qui produira dans les tout prochains jours des masques grand public en fibres synthétiques pour les conseils départementaux des Haut-Rhin et Bas-Rhin. Ceux-ci en ont commandé 3,7 millions d’ici à fin juin pour les distribuer aux habitants. La première machine est arrivée le 6 mai, trois autres seront livrées d’ici à juillet.
Cette entreprise a été lancée à toute vitesse à l’initiative du Pôle textile Alsace. Elle est créée par six industriels de ce Pôle qui, avec leurs propres deniers et l’aide d’une banque, y ont investi plus de 3,5 millions d’euros. « Une usine normale se monte en six mois, nous, on a mis 50 jours, se félicite Benoit Basier, président de Barral, du Pôle et de la corderie Meyer-Sansboeuf, basée à Guebwiller (Haut-Rhin). Il y avait urgence.
100 % recyclables et 100 % français
Mi-mars, une trentaine d’ateliers et d’entreprises membres du Pôle textile s’étaient convertis à la fabrication de masques pour répondre à la demande d’industriels. « Barral ne leur prendra pas du travail car la demande est énorme, précise M. Basier. Puis, au fur et à mesure que l’économie repartira, ils vont reprendre leurs activités initiales, dans le linge de maison, dans les tee-shirts de clubs de foot, etc. qui aujourd’hui n’ont pas de commandes. »
M. Basier aime à dire que Barral se veut « une entreprise à responsabilité sociale, sociétale et environnementale ». On comprend pourquoi. Elle fabrique un masque lavable (40 fois pour le moment), 100 % recyclable et 100 % français. Et est en train de s’implanter au cœur d’une autre usine, dont elle loue des locaux et qui, elle, ne cesse de perdre des emplois : l’équipementier automobile Mahle Behr France, à Rouffach (Haut-Rhin). « Pourquoi faudrait-il reprendre de l’espace sur du terrain agricole s’il existe de la place ailleurs, qui plus est de bonne constitution, ? », demande M. Basier.
La filiale du groupe allemand Mahle en est à son troisième plan de sauvegarde de l’emploi (PSE, plan social) depuis 2013. Cette fois, 236 emplois sur 619 vont être supprimés. L’application de ce PSE a été retardée en raison de la situation sanitaire, avec pour première phase les départs volontaires, dont les salariés peuvent faire la demande jusqu’au 15 mai.
Pour compléter la belle histoire née pourtant d’une pandémie, Barral, acronyme de « barrière », comme masque barrière, et « Alsace », qui à terme produira 4 millions de masques par semaine, fera travailler, au départ, des salariés volontaires de Mahle Behr, actuellement en activité partielle, selon une convention de prêt de personnel à but non lucratif. Ce qui permettra à ces salariés, dont le revenu est aujourd’hui de 84 % de leur salaire net, d’en percevoir 100 %.
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