Les grands ports français ont traversé une année 2020 difficile, sauvée par un second semestre qui a permis de redresser la barre et d’éviter plus de casse. Mais la crise économique liée à la pandémie de Covid-19 n’a fait que confirmer les difficultés structurelles – en matière d’infrastructures et de dialogue social – qui fragilisent ces ouvertures au grand large que sont Marseille, Le Havre (Seine-Maritime) et Dunkerque (Nord).
Le trafic du Grand Port maritime de Marseille (GPMM) a reculé de 12,7 % pour s’établir à 69 millions de tonnes, et son chiffre d’affaires de 14 % (145 millions d’euros). Une « annus horribilis », selon Elisabeth Ayrault, présidente par intérim du conseil de surveillance du GPMM, qui a mis un coup d’arrêt à six années de croissance du premier port français. Sans remettre en cause les investissements, a-t-elle assuré lors de la présentation des résultats, le 25 janvier.
L’activité marchandises est restée entre deux eaux. Le conteneur a moins souffert (− 10 %) que le vrac solide (− 22 %), un recul notamment lié à la baisse de la demande d’acier après l’arrêt de six mois d’un haut-fourneau d’ArcelorMittal à Fos-sur-Mer, premier client du port. Le vrac liquide a, lui, perdu 11 %, à cause du pétrole pour l’essentiel (− 16 %).
Le coup le plus dur est venu de l’effondrement du trafic des passagers (− 76 %). Il a été brutal pour les lignes régulières vers la Corse (− 28 %), l’Algérie fermée depuis mars (− 89 %), et la Tunisie (− 55 %). Et plus encore pour les croisières, une activité sur laquelle le port phocéen a misé gros : « Seulement 100 000 croisiéristes sont passés par Marseille [en 2020], loin du 1,8 million de l’année précédente », a indiqué Hervé Martel, directeur général du GPMM. Cette désertion menace 16 000 emplois dans la région, estiment les autorités portuaires.
Déficit de compétitivité
A l’autre extrémité de l’Hexagone, Dunkerque, troisième port français, a vu son trafic baisser de 14 %, à 45,2 millions de tonnes. Le trafic fluvial et maritime des trois grands ports de la vallée de la Seine (Le Havre, Rouen et Paris), rassemblés au sein du groupement d’intérêt économique Haropa, est tombé à 108 millions de tonnes (− 6 %).
A elle seule, la part du maritime a reculé de 16,7 % (à 75 millions de tonnes), affectée par le recul du conteneur (− 9 %) et des cargaisons de pétrole, notamment lié à l’arrêt de la raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher après un incendie à la mi-décembre 2019. Sans surprise, Le Havre n’a accueilli que quatre escales de paquebots sur les 130 attendues, Rouen et Honfleur (Calvados) seulement deux sur 72 prévus.
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