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Pierre-Cyrille Hautcœur : « Chaque choc impose des réadaptations difficiles. Il n’y a jamais de retour à la case départ »

L’économiste décrit les différents effets de redistribution que les guerres et les crises économiques ont provoqués en France, de la fin du XIXe siècle à nos jours.

Propos recueillis par 

Publié le 06 février 2021 à 08h46

Temps de Lecture 5 min.

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Pierre-Cyrille Hautcœur, lors du débat des candidats à la présidence de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess), à Paris, le 16 novembre 2012.

Pierre-Cyrille Hautcœur est directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess) et à l’Ecole d’économie de Paris. Economiste et historien (également chroniqueur au Monde), il a travaillé sur les effets macro et microéconomiques des crises économiques et financières de la seconde moitié du XIXe et de la première moitié du XXe siècle.

Qui ont été, historiquement, les gagnants des chocs qui ont affecté la France, en particulier au XXe siècle ?

Dans la dernière décennie du XIXe et au XXe siècle, la France a connu des guerres et des crises inflationnistes ou déflationnistes. Il faut distinguer trois types d’effets de ces chocs. Premièrement, les effets directs : certains en sont victimes (une usine détruite par un bombardement, une entreprise qui fait faillite) ; d’autres en bénéficient (le « marchand de canons », la grande entreprise qui rachète ses concurrents affaiblis…). Deuxièmement, les politiques publiques mises en place face à ces chocs vont profiter à certains, mais en pénaliser d’autres, par exemple les rentiers ruinés par l’inflation.

Troisièmement, les effets de ces politiques dépendent aussi de la capacité des acteurs à les orienter en leur faveur. Par exemple, lors des crises financières de la fin du XIXe siècle, le patronat organisé autour des chambres de commerce obtient des dispositions plus favorables en matière de faillite et une politique monétaire contracyclique de la Banque de France. A l’autre bout du spectre social, les émeutes ouvrières et paysannes sont réprimées sans pitié.

Prenons le cas de la première guerre mondiale…

Les effets directs sont assez clairs. A partir du moment où la décision politique est d’affecter toutes les ressources à l’armée et à ceux qui la fournissent, les bénéficiaires sont, bien sûr, ces fournisseurs. Mais, dans la mesure où les besoins de l’armée sont extrêmement divers (des armes et des munitions, certes, mais aussi la nourriture, l’habillement, le transport, etc.), un très grand nombre de secteurs d’activité en profitent… à condition de savoir s’organiser pour honorer ces commandes massives et urgentes.

C’est donc plutôt à l’intérieur de chaque secteur qu’il y a des gagnants – ceux qui savent répondre vite et bien, ou reconvertir leur activité (par exemple, Renault passe des voitures aux chars d’assaut) – et des perdants, trop éloignés des besoins du moment ou incapables de s’adapter. Il en sera de même au retour de la paix, entre ceux qui sauront se reconvertir au régime civil, et ceux qui n’y parviendront pas. Chaque choc, de quelque nature qu’il soit, impose des réadaptations difficiles. Il n’y a jamais de retour à la case départ dès lors que la crise dure plus que quelques mois.

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