La photo montre un paysage paisible au milieu duquel une poignée de passants déambulent entre des maisonnettes sur fond de ciel bleu, avec écrit en gros : « Nous sommes ouverts. » Début février, sur Facebook, le réseau social préféré des centres commerciaux, la direction de « La Vallée Village », à Serris, en Seine-et-Marne, a informé ses abonnés que la mesure annoncée quelques jours plus tôt par le gouvernement ne concernait pas ce centre commercial de marques à ciel ouvert.
Depuis le 31 janvier, en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, « les centres commerciaux non alimentaires d’une surface de plus de 20 000 mètres carrés, ceux qui favorisent le plus le brassage », sont fermés, conformément aux annonces faites par le premier ministre, Jean Castex, le 29 janvier. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait précisé aux acteurs du secteur que ce seuil se calculait « en additionnant l’ensemble des surfaces des commerces, alimentaires ou non », et qu’étaient exemptés les ensembles à ciel ouvert que sont les « zones commerciales, parcs d’activité et villages de marques où la circulation du public entre les commerces intervient en extérieur ».
En pleine période de soldes – lesquels s’achèveront le 2 mars –, les clients des grands centres commerciaux, qui ignorent tout de leurs caractéristiques, sont gagnés par la confusion. La situation est d’autant plus fluctuante qu’elle évolue au gré des décisions administratives. Encore aujourd’hui, un centre commercial ouvert peut être fermé du jour au lendemain. Ou bien ouvert. D’où le message émanant de « La Vallée Village ».
Près de 400 centres commerciaux sur 858 en France étaient concernés par cette nouvelle disposition, considérée par les professionnels visés comme « une injustice économique », une mesure « gadget » ciblant un « bouc émissaire ». Afin d’éviter tout malentendu dans les calculs, un décret du 30 janvier précisait que la « surface commerciale utile » prise en compte incluait « les surfaces de vente, les bureaux et les réserves, sans déduction de trémie ou poteau ».
« On a calculé, recalculé, échangé avec les préfets »
A cela s’est ajoutée une circulaire, envoyée aux préfets par le ministre de l’intérieur le 3 février, pour préciser que « les espaces de circulation » entre les magasins « ne sont pas comptabilisés », et qu’une certaine tolérance est admise pour déduire du total les boutiques « qui ne sont pas louées et exploitées ». Chacun a donc sorti sa calculette. « On a calculé, recalculé, échangé avec les préfets », souffle, agacé, un gestionnaire de centre. Ikea a annoncé la fermeture de tous ses magasins dès le 31 janvier, à l’exception de celui de Vélizy (Yvelines) et de l’atelier de conception de Nice.
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