Christel Bories restera à son poste. Le conseil d’administration d’Eramet, réuni mardi 30 mars, devait reconduire sa PDG pour un mandat de quatre ans – avec l’appui de l’Etat, au cours duquel les fonctions de président et de directeur général seraient dissociées, une politique du gouvernement déjà exprimée chez Engie. Cette décision intervient après des semaines de tensions liées à la volonté de la famille Duval, premier actionnaire du groupe métallurgique et minier (37 % du capital et 44 % des droits de vote), de remplacer celle qui travaille à son redressement depuis 2017.
Pour sa part, l’Etat détient 25,6 % (30 % des droits de vote) dans le cadre d’un pacte d’actionnaires scellé en 1999. Eramet, dernière entreprise minière avec le groupe nucléaire Orano (uranium), est une société stratégique pour la France : elle exploite et traite du nickel en Nouvelle-Calédonie et, depuis peu, en Indonésie, du manganèse au Gabon ; en Argentine, elle a des projets d’investissements dans les gisements de lithium, minerai essentiel à la fabrication des batteries des véhicules électriques.
Le bras de fer opposait l’Etat aux Duval depuis début mars. La discrète famille auvergnate reproche à Mme Bories, selon L’Agefi, sa gestion de la Société Le Nickel (SLN), en Nouvelle-Calédonie, et une dette trop lourde. Le groupe a certes accusé une perte de 675 millions d’euros en 2020 et un léger recul de son chiffre d’affaires (à 1,33 milliard), alors que l’endettement net s’est stabilisé à 1,33 milliard l’an dernier. Mais les soutiens de Mme Bories assurent qu’elle a tenu la barre dans la tempête, notamment sur le Caillou, secoué par des troubles politiques et sociaux.
Transformation « pertinente »
A Bercy, on juge son bilan « très positif ». Bruno Le Maire, ministre de l’économie, des finances et de la relance, lui a apporté son soutien. La PDG a aussi reçu celui de quelque 250 salariés actionnaires. Y compris, selon eux, des membres du comité exécutif et des syndicalistes. « Par sa capacité à décider et à agir, nous reconnaissons en [elle] un vrai capitaine d’industrie », écrivent-ils dans une récente lettre aux administrateurs.
En pleine crise sanitaire, il serait « invraisemblable de changer dans la tourmente celle qui, grâce aux actions engagées depuis bientôt quatre ans, a permis au groupe de résister à cette crise majeure ». Un diagnostic partagé par les analystes financiers, qui rappellent, comme l’Etat, que l’action Eramet a gagné 95 % en un an.
Il vous reste 30.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.