Darius Rochebin devrait retrouver dans les prochains jours l’antenne de LCI, qu’il avait rejointe à la fin de l’été 2020 pour y mener une interview quotidienne. Depuis qu’une longue enquête du quotidien Le Temps – parue le 31 octobre et faisant état de violences sexistes et sexuelles au sein de la Radio-Télévision suisse (RTS) – incriminait en partie celui qui en fut longtemps le présentateur vedette, le journaliste helvète s’était mis en retrait.
Or, « aucun acte constitutif de harcèlement sexuel, de harcèlement psychologique ou d’atteinte à la personnalité dont M. Darius Rochebin serait l’auteur n’est établi », a démontré l’enquête menée par le cabinet d’avocates Troillet Meier Raetzo et mandatée par la RTS, qui en a fait l’annonce, vendredi 16 avril, dans la matinée.
Pas de harcèlement, et pas d’« élément constitutif d’une infraction pénale » non plus, ont souligné les dirigeants du groupe audiovisuel public suisse au cours d’une visioconférence de presse destinée à rendre compte de l’ensemble des enquêtes confiées à des cabinets spécialisés après les révélations parues dans Le Temps. Six mois d’investigations qui s’annonçaient explosives, pour une conclusion annoncée dans un décor soviétique par les responsables de la chaîne, et qui blanchit presque entièrement ces derniers. Six mois d’attente impatiente pour Darius Rochebin et pour ses employeurs français, Fabien Namias et Thierry Thuillier, respectivement directeur général adjoint de LCI et directeur de l’information du groupe TF1, pour des conclusions conformes à celles qu’ils espéraient.
Une prise de parole devant les équipes de la chaîne info du groupe TF1, où le portrait de Darius Rochebin n’a jamais été décroché du hall d’accueil, et où il n’a pas cessé d’aller travailler, est prévue lundi 19 avril dans la matinée. Dès l’annonce de ce dénouement, celui que les journaux français avaient surnommé « le PPDA suisse » (avant que Patrick Poivre d’Arvor ne soit accusé de plusieurs viols) a salué « le sérieux de l’enquête menée en Suisse ». « Les conclusions confirment ce qu’il a déclaré dès le premier jour », a fait savoir son avocat, Antoine Vey. M. Rochebin avait porté plainte en diffamation contre Le Temps, qui maintient sa version des faits.
Déluge de « paroles libérées »
« Il n’y a pas de faute grave de la part des cadres de la RTS », s’est par ailleurs félicité son directeur, Pascal Crittin, alors que c’est précisément la chaîne hiérarchique qui était mise en cause dans les affaires de harcèlement révélées par Le Temps. Début novembre 2020, secouée par l’ampleur des réactions de ses collaborateurs, la direction du groupe audiovisuel avait promis que toute « la transparence serait faite». Ni l’ordre de mission des enquêtes, ni les détails de la procédure, ni les propos recueillis ne seront connus, pour des raisons de « protection de la personnalité ».
Au total, ce sont 230 employés du groupe RTS (sur 1 200) qui ont saisi l’occasion de faire entendre leurs plaintes et autres récriminations. A l’échelle de ce flot de « parole libérée », le résultat peut paraître modeste : l’un des collaborateurs incriminés a quitté l’entreprise, un autre a reçu une sanction formelle, et le chef du département de l’actualité, en congé depuis six mois, part de son plein gré. Aucun témoignage recueilli ne permet de conclure à des actes relevant de harcèlement sexuel ou psychologique, d’atteinte à la personnalité ou d’une quelconque infraction pénale, a ajouté la RTS.
Au sommet de la hiérarchie, les responsables ne sont pas inquiétés. Le conseil d’administration de la Société suisse de radiodiffusion (SSR), l’organe faîtier de l’audiovisuel public helvétique, exprime sa pleine confiance envers son directeur général, Gilles Marchand (ex-directeur de la RTS au moment des faits), ainsi qu’envers Pascal Crittin, qui présente ses excuses aux personnes ayant eu à souffrir de certains actes commis au sein du groupe.
Après pléthore de prises de position et de commentaires, et à présent que la direction a été confirmée dans ses fonctions, le silence semble être revenu dans les rangs de la rédaction. Seul le syndicat SSM a craint, vendredi 16 avril, que les décisions prises par le conseil d’administration de la SSR « ne suffisent pas, à elles seules, à restaurer la confiance des employés dans la capacité de l’entreprise à traiter les problèmes de management sans concession ».
Contribuer
Réutiliser ce contenu