Chaque jour, en période normale, dix millions de voyageurs transitent par les 3 000 gares françaises. Et, chaque jour, ils constatent souvent qu’il faudrait en améliorer les bâtiments et les services, malgré d’importants progrès réalisés depuis plus de dix ans.
Encore faudrait-il en donner les moyens à Gares & connexions, filiale de SNCF Réseau depuis 2020. Or, elle se trouve dans « une impasse financière », prévient la Cour des comptes dans un rapport couvrant la période 2014-2019, publié mardi 20 avril, demandant à l’Etat de mieux financer l’entretien de son propre patrimoine ferroviaire.
Les revenus de la société proviennent de deux sources : les redevances des compagnies ferroviaires (SNCF Voyageurs, Eurostar…), pour quelque 900 millions d’euros en 2019, et l’argent des concessions commerciales (restauration, Relais H, bureaux…), pour 394 millions d’euros, dont les transporteurs récupèrent la moitié des bénéfices. Ce modèle économique devait, selon la Cour, « lui permettre de couvrir ses coûts d’exploitation et de dégager une marge opérationnelle pour financer les investissements en gare ».
Rien de tel ! Le modèle présente « plusieurs faiblesses qui nuisent à son efficacité », dénoncent les magistrats de la rue Cambon. Ils jugent que l’offre de services « gagnerait à être mieux définie et la qualité du service rendu améliorée », avec des indicateurs plus exigeants et plus fins pour évaluer le respect de ses missions, alors que les objectifs de Gares & connexions restent « encore peu contraignants ».
Interlocuteurs à convaincre
Ils ajoutent que « le système de redevance est opaque et inégalitaire ». Par exemple, la facturation de la redevance aux transporteurs « varie fortement selon les régions et les catégories de gares », sans justification d’un meilleur service rendu. Ce qui pénalise de très grandes gares. Quand la société s’allie à des partenaires privés pour développer l’attractivité de ces pôles d’échanges, regrette la Cour des comptes, ce sont ces promoteurs qui captent « une grande part de la valeur générée ».
Comme le prévoit la loi sur les mobilités de 2019, les gares d’intérêt national resteront dans le giron de l’Etat, tandis que des gares régionales ou plus modestes pourraient passer aux régions. Mais quel que soit son interlocuteur, la filiale de SNCF Réseau devra convaincre Etat, régions, transporteurs et voyageurs qu’elle est « la mieux à même de [les] gérer ». Et d’offrir le meilleur service au meilleur prix.
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