Est-il légitime qu’un journal ou un magazine vidé de sa rédaction touche les aides publiques à la presse ? « Certainement pas », répond en substance le ministère de la culture, qui a lancé, mardi 20 avril, une concertation avec les organisations professionnelles représentatives des éditeurs de presse et les organisations syndicales représentatives des journalistes.
D’une durée de deux mois, elle devra aboutir à une modification des textes en vigueur, conformément aux préconisations formulées par Laurence Franceschini dans un rapport remis Rue de Valois, le 18 mars. Ces modifications sont considérées comme « nécessaires », indique-t-on au ministère de la culture.
La présidente de la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) avait été missionnée par la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, le 24 décembre 2020, afin d’examiner un éventuel conditionnement des aides à la presse à la présence de journalistes au sein des rédactions. Une réflexion devenue nécessaire avec l’évolution du modèle économique de certains groupes de presse, qui ne considèrent plus les équipes rédactionnelles comme indispensables au fonctionnement de leurs titres ou de leurs sites d’information.
« Formulation trop floue »
Fin 2020, la mobilisation des journalistes bientôt démissionnaires de Science & Vie – qui, tout en continuant à se battre pour défendre leurs missions, ne se faisaient plus guère d’illusions sur leur avenir au sein du groupe Reworld Media – avait poussé Roselyne Bachelot à un examen approfondi du dossier.
Si la question initiale peut sembler purement rhétorique, la manière d’y répondre n’a rien d’univoque et les paramètres à examiner sont légion. Toutefois, le rapport portant « sur le renforcement de l’exigence du traitement journalistique pour l’accès aux aides à la presse » ne prévoit pas de revoir l’entièreté des dispositifs existants, mais concentre ses propositions sur les modalités de mise en œuvre de futurs conditionnements.
Ainsi, pour que les « journaux et écrits périodiques présentant un lien direct avec l’actualité » continuent de bénéficier du tarif postal préférentiel et du taux de TVA super-réduit de 2,1%, il ne suffira plus de se prévaloir d’« un apport éditorial significatif », formulation trop floue. Il faudra fournir « un contenu original composé d’informations ayant fait l’objet d’un traitement à caractère journalistique, notamment dans la recherche, la collecte, la vérification et la mise en forme de ces informations, et comportant une équipe rédactionnelle composée de journalistes professionnels au sens de l’article L.7111-3 du code du travail », recommande le rapport Franceschini.
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