En mai, faites ce qu’il vous plaît. C’est, en substance, la petite musique qu’Emmanuel Macron aimerait pouvoir jouer à ses concitoyens. Ereintés par plus d’un an de crise liée au Covid-19, trois confinements et − on l’espère − autant de déconfinements, les Français ont plus que jamais hâte de retrouver une vie « normale ».
Commerçants ayant baissé le rideau depuis des semaines, restaurateurs qui n’ont pas vu un client depuis six mois, étudiants et précaires subissant de plein fouet les répercussions économiques et sociales de la crise sanitaire : la « fatigue pandémique », cette expression forgée à l’automne par l’Organisation mondiale de la santé pour décrire l’état physique et psychique des populations confrontées au virus, gagne du terrain en même temps que les beaux jours.
L’exécutif le sait, qui tente un énième exercice d’équilibriste pour rouvrir le pays – au grand dam de soignants débordés et de tous ceux qui pointent les chiffres alarmants de contamination. Mais cette fois, c’est la bonne, veut-on croire à l’Elysée.
« C’est une question de dynamique. On sait qu’on a toujours un effet de traîne d’environ trois semaines » [entre le pic épidémique et le début de la décrue], assure un ministre. Surtout, « il ne sert à rien d’imposer des contraintes que les gens ne respectent pas, sinon ils prendront plus de risque. Il vaut mieux pouvoir partir à plus de 10 kilomètres dans la nature que faire des soirées clandestines avec ses potes », se persuade-t-on au sein de l’exécutif. Le tout sur fond de montée en puissance − enfin ! − de la vaccination.
« Débrancher » les aides
Dont acte. En conservant l’échéance de la « mi-mai », fixée il y a un mois, pour rouvrir progressivement le pays, Emmanuel Macron a donné le coup d’envoi à une nouvelle valse de revendications. Dès lundi 26 avril, le Medef a poussé pour que les commerces et restaurants puissent rouvrir dès le 10 mai, avant le long week-end de l’Ascension. « La mi-mai, c’est plutôt le 15 mai que le 10 mai », a rétorqué le ministre de l’économie Bruno Le Maire, le même jour sur Europe 1. On ne voit pas trop au nom de quoi justifier cette énième guerre de dates, si ce n’est pouvoir démontrer que c’est bien l’Etat qui reste maître des horloges.
Quel que soit le calendrier, la question de la manière et du rythme à employer pour « débrancher » les aides à une économie sous perfusion est la plus épineuse. Fonds de solidarité pour les indépendants et les PME et chômage partiel pourraient ainsi décroître progressivement. « Il y a plusieurs hypothèses : soit on bouge les critères et les montants de manière sectorielle, soit on opte pour une dégressivité forfaitaire », explique-t-on dans les couloirs de Bercy, où l’on craint que la référence au chiffre d’affaires réalisé avant-crise, longtemps utilisé pour les versements du fonds de solidarité, ne tourne au casse-tête et ne favorise les effets d’aubaines une fois que les restrictions sanitaires seront levées.
Il vous reste 26.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.