Côté pile, un chiffre d’affaires en hausse de 54 % et 23 milliards de dollars (environ 19,1 milliards d’euros) de profits pour le seul premier trimestre 2021 ; côté face, un long procès qui s’ouvre, lundi 3 mai, à Oakland (Californie). Et cette question : l’hyperpuissance d’Apple ne va-t-elle pas finir par se retourner contre elle ? Epic Games, l’éditeur de Fortnite aux 350 millions de joueurs, poursuit la firme à la pomme pour dénoncer le prélèvement de 30 % opéré sur chaque transaction passant par l’App Store, seul magasin d’application accessible aux détenteurs d’iPhone ou d’iPad.
A l’été 2020, après que l’éditeur a tenté de contourner la « taxe Apple » avec sa propre monnaie virtuelle moins chère, Fornite avait été exclu de l’App Store, déclenchant une plainte d’Epic Games pour abus de position dominante. Apple « a construit un écosystème de façon à restreindre la distribution d’applis, d’exclure ses rivaux, de nuire à la concurrence et aux consommateurs », s’insurg la société de Tim Sweeney. Réplique de Tim Cook, patron du géant de Cupertino, dans une interview à un podcast du New York Times : Son « magasin » est un « miracle économique » et sa société « a aidé à construire une économie qui rapporte plus de 500 milliards de dollars par an, et ne reçoit qu’une lichette de ce montant ».
Plates-formes coalisées
Les audiences seront suivies de près par les Big Tech, car les conclusions de l’affaire pourraient ébranler les groupes dominant le colossal business des applications mobiles, attaqués sur d’autres fronts partout dans le monde. La douzaine de plates-formes coalisées avec Epic Games sous la bannière de la « coalition pour l’équité entre applications » s’y emploient, dont Spotify. En Europe, le service de streaming musical suédois a déposé une plainte contre Apple pour des motifs identiques.
Et la Commission européenne a, elle aussi, mordu dans la « pomme ». Bête noire des GAFA, la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager, a accusé Apple, vendredi, d’abuser de sa position dominante pour fausser ce marché, avant de confier qu’elle examinera également les pratiques sur les applis de jeux. Les plaignants espèrent que le géant mettra un genou à terre (avec Google ou Amazon). A moins qu’à l’issue de longues années de procédures il ne renforce ses positions et ses revenus, redoutent certains experts.