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« Avec la révolution verte, tous les prix sont à la hausse, et le pouvoir d’achat des plus modestes va en pâtir »

Avec des matières premières chères, toutes les industries en aval vont connaître une inflation considérable de leurs coûts, qui va venir s’ajouter au propre renchérissement de leur produit, dû aux contraintes environnementales, observe Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié le 07 mai 2021 à 10h44, modifié le 07 mai 2021 à 16h41 Temps de Lecture 2 min.

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Dans une mine d’exploitation de cuivre, à Surperior, en Arizona, le 30 mars 2021.

Pertes & profits. Ivan Glasenberg n’est pas précisément une star chez les écologistes. Mais le PDG de Glencore est le plus grand courtier en matières premières du monde, aussi, quand il parle du cours du cuivre, tout le monde l’écoute. Pour répondre aux objectifs gouvernementaux de neutralité carbone en 2050, « nous aurons besoin d’un cuivre à 15 000 dollars [12 400 euros] la tonne », a-t-il affirmé, jeudi 6 mai, lors d’une conférence organisée par le Financial Times. Soit une augmentation de 50 % par rapport au cours actuel, déjà au plus haut depuis dix ans.

C’est le prix de la révolution verte. Le cuivre est le métal le plus abondant dans les énergies renouvelables et dans les voitures électriques. Pour faire face à l’explosion de la demande, il faudra prospecter plus, alors que les gisements faciles d’accès sont déjà surexploités. Sans parler des nouvelles contraintes environnementales d’extraction qui s’appliquent aussi aux mineurs. De fait, toutes les matières premières sont à la hausse. ArcelorMittal, le premier sidérurgiste mondial, a affiché, au premier trimestre, des résultats records, portés par l’envolée du prix de l’acier. Et il promet que, d’ici à 2030, près de 50 % de son acier sera produit sans émissions de CO2.

Une chance de renouveau pour le capitalisme

Du cuivre cher, de l’acier cher, cela signifie que toutes les industries en aval vont connaître une inflation considérable de leurs coûts, qui va venir s’ajouter au propre renchérissement de leur produit, dû aux contraintes environnementales. En présentant sa nouvelle stratégie, le nouveau patron de Renault, Luca de Meo, a annoncé viser un chiffre d’affaires par voiture de 30 000 euros pour sa nouvelle gamme, par rapport à un revenu moyen de 15 000 euros actuellement. La première voiture électrique de sa filiale low cost Dacia, la Spring, pourtant fabriquée en Chine, est vendue à partir de 17 000 euros, alors que son équivalent essence, la Sandero, en coûte 9 000.

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Bien sûr, les progrès de productivité vont progressivement abaisser les prix, mais si, comme le redoutent désormais les constructeurs, les nouvelles normes en discussion à Bruxelles bannissent les voitures thermiques dès 2025, l’envolée des prix sera spectaculaire, et c’est le pouvoir d’achat des plus modestes qui en pâtira. On pourrait étendre le raisonnement à tous les produits, notamment agricoles, avec la montée en puissance du bio.

C’est la nouvelle vérité qui dérange. Mais comme le souligne l’économiste Pierre Dockès, spécialiste de l’histoire du capitalisme, dans une interview à la revue en ligne de Polytechnique, Polytechnique Insights, c’est aussi une chance de renouveau pour le capitalisme. La promesse de la fin de la stagnation et de nouveaux gains de productivité sous la contrainte de l’Etat, comme il avait su se réinventer sous la contrainte sociale au long du XXsiècle. Un accouchement qui ne se fera pas sans douleur.

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