Le 22 avril, Antoine de Saint-Affrique a créé la surprise en annonçant son départ de Barry Callebaut. Une société, leader mondial du cacao, qu’il dirigeait depuis 2015. Mais la surprise n’en était pas vraiment une. Le patron était déjà en lice pour remplacer Emmanuel Faber comme directeur général du groupe d’agroalimentaire Danone, et sélectionné dans le dernier carré des postulants par le cabinet de chasseurs de têtes Spencer Stuart.
En se dégageant des liens qui le retenaient en Suisse, au siège de Barry Callebaut, et se disant prêt à endosser ses nouvelles responsabilités dès septembre, il a décroché le statut de favori. De favori il est passé au stade ultime d’élu, à l’issue d’un vote du conseil d’administration de Danone organisé lundi 17 mai.
Une consécration pour ce diplômé de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) et de la Harvard Business School, âgé de 56 ans. Après une carrière tout entière consacrée aux produits de grande consommation, et en grande partie menée au sein du groupe Unilever, jusqu’à en diriger la division alimentaire, il ne pouvait rêver meilleur aboutissement que de se retrouver propulsé à la tête d’un des fleurons du CAC 40.
Paradoxalement, M. de Saint-Affrique bénéficie d’une faible notoriété en France. Un état de fait lié à un parcours professionnel très international. Il a bourlingué aux Etats-Unis, mais aussi en Russie, comme en Europe de l’Est, avant de se poser en Suisse. En outre, l’entreprise qu’il a dirigée, Barry Callebaut, dont les clients sont des professionnels du chocolat, n’est guère connue du grand public. Les recruteurs comme les administrateurs n’ont pas manqué, quant à eux, de scruter l’évolution de l’action du groupe zurichois. Or, le cours a quasiment doublé sous la houlette de M. de Saint-Affrique. La progression en termes de chiffre d’affaires a été plus limitée, la consommation de confiseries chocolatées ayant été affectée par la crise due au Covid-19.
« Chocolat durable »
Reste que passer d’une société de 12 000 personnes affichant 6,3 milliards d’euros de revenus à un géant employant 100 000 salariés et pesant 23 milliards d’euros de chiffre d’affaires n’est pas une sinécure. D’autant que Danone a traversé une crise inédite de gouvernance. M. de Saint-Affrique aura besoin de tous ses compétences d’ancien officier de marine et d’amateur de voile pour prendre en main le gouvernail en cette période de mer agitée. Affable, souriant, il affiche un profil rassurant qui a séduit les tenants d’un retour au calme au sein de l’entreprise bousculée. Ce classicisme bon teint saura-t-il maintenir l’esprit volontiers frondeur de l’entreprise agroalimentaire ?
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