Mi-juin, Michel Combes était de passage à Paris. Et ce n’était pas pour faire du tourisme. Dans le monde de la technologie, l’ex-patron d’Alcatel-Lucent est un personnage qui compte. Le Français gère désormais les investissements à l’étranger du groupe japonais SoftBank, qui, fort de 130 milliards de dollars (109 milliards d’euros) de fonds, est aujourd’hui le plus grand argentier de la tech. « Comme beaucoup, nous sommes séduits par le développement de l’écosystème français. Nous venons d’annoncer deux investissements avec des entrepreneurs français [Jellysmack et Contentsquare] et on voulait voir d’autres entreprises… » M. Combes n’en fait pas mystère : il compte bien miser sur d’autres start-up tricolores.
La récente levée de fonds de Contentsquare, annoncée le 26 mai – soit 500 millions de dollars, un record en France –, l’introduction en Bourse à Paris du producteur musical Believe, le 10 juin – une première à ce niveau de valorisation pour une start-up –, la volonté de Colis privé, d’OVHcloud ou de Spartoo de faire de même, illustrent le changement de dimension opéré par la scène tech hexagonale en quelques années.
En 2020, les start-up françaises ont levé 5,4 milliards d’euros. Un montant jamais atteint. « On est dans une accélération exponentielle du nombre d’opérations depuis trois ou quatre ans », constate Anne-Charlotte Rivière, associée au cabinet Goodwin. « La France est le pays européen qui a le plus le vent en poupe en matière de start-up », appuie le secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique, Cédric O.
« Première génération d’entrepreneurs »
Comment en est-on arrivé là ? Difficile de ne pas lier ce changement de climat à l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron : le 13 avril 2017, à Paris, en campagne pour l’élection présidentielle devant un parterre d’entrepreneurs, le candidat s’était fixé comme cap de faire de la France, en cinq ans, « la nation des start-up ».
Tout au long de son mandat, il n’a pas manqué de montrer son attachement pour la nouvelle économie. A peine élu, il inaugurait, le 29 juin, la Station F (qui appartient à Xavier Niel, actionnaire du Monde à titre individuel), présentée comme le plus grand campus de start-up du monde. Le 23 mai 2018, il convoquait le gratin de la tech mondiale au palais de l’Elysée pour l’événement Tech for Good.
Une année compte plus que d’autres : en 2013, la ministre Fleur Pellerin crée le label « French Tech » ; la Banque publique d’investissement est lancée
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