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Transformer des friches en lieux artistiques éphémères, un bon plan pour les… promoteurs

Avec ces projets, les constructeurs immobiliers font d’une pierre trois coups : ils redorent leur blason, tout en évitant les squats difficiles à déloger et en réduisant leurs charges.

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Publié le 05 juillet 2021 à 11h17

Temps de Lecture 3 min.

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Des artistes dans le quartier de l’école de cinéma Kourtrajme à l’intérieur de l’immeuble « Buropolis », à Marseille, le 4 juin 2021.

C’est un immeuble de bureaux lambda, situé dans un quartier ingrat et excentré de Marseille. Dans un an et demi, il sera démoli pour laisser place à une barre de logements. Mais entre-temps, une ruche de 250 artistes, architectes et designers s’en est emparée avec ce slogan utopico-futuriste : « Buropolis ». Cette occupation tout ce qu’il y a de plus légale est le fruit d’une rencontre entre l’association Yes We Camp, qui a notamment géré la friche des Grands Voisins à Paris, la Compagnie Vauban, ancien gestionnaire du site, et son nouveau propriétaire, Icade Promotion.

De Marseille à Paris, on ne compte plus les affectations temporaires de bâtiments aux artistes. En mai, le groupe Novaxia Investissement, qui compte 10 projets d’occupations temporaires en France, a confié à l’association artistique Quai 36 l’usage d’une parcelle de 2 900 m² à Saint-Ouen, avant qu’elle ne soit recyclée en logements étudiants.

De son côté, Poush Manifesto, une résidence d’artistes, s’est nichée jusqu’à fin 2021 dans une tour de bureaux appartenant à Sogelym-Dixence à Clichy. En mars 2022, les 6 000 m2 d’une friche SNCF, détenus par le groupe Emerige dans le quartier Ordener-Poissonniers, seront occupés pour une durée de deux ans par une quinzaine d’artistes. Un phénomène qui, selon Arthur Toscan du Plantier, directeur de la stratégie chez Emerige, traduit le « manque criant d’ateliers pour les artistes ».

Loyers ultra-compétitifs

Cette vogue, Jérôme Durand, directeur général de la société immobilière Sogelym-Dixence, l’attribue plutôt à « l’allongement des temps d’instruction des permis de construire ». C’est aussi, selon Joachim Azan, président de Novaxia, « une stratégie d’investissement socialement responsable, visant à concilier éthique et rentabilité ».

De telles opérations permettent aux promoteurs de faire d’une pierre trois coups : éviter les squats difficiles à déloger, réduire leurs charges et redorer le blason d’une profession qui n’a pas toujours bonne presse. Du pain bénit aussi pour les créateurs, qui bénéficient de loyers ultra-compétitifs − 3 à 10 euros le m2 par mois à Buropolis, 11 à 14 euros le m2 chez Poush Manifesto.

Souvent pointées du doigt pour leur inertie, les municipalités voient d’un bon œil ces opérations provisoires, qui les exemptent de construire de nouveaux ateliers

N’allez pas leur dire que ces occupations temporaires leur épargne des frais de gardiennage et d’électricité. « C’est plus compliqué d’avoir un immeuble occupé que vide et fermé », proteste Audoin de Beaugrenier, directeur général de la Compagnie Vauban. Ce dernier a ainsi effectué des investissements pour améliorer la sécurité, notamment incendie, de Buropolis, avant d’en confier les clés à Yes We Camp. A charge pour cette dernière de payer les frais courants, couverts à 80 % par les loyers reversés par les artistes.

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