Il n’y a eu ni chanson ni gâteau spécial. C’est pourtant à un anniversaire que tous se sont donné rendez-vous. Mercredi 8 septembre, le Palais des congrès de Dunkerque (Nord) a accueilli l’assistance à la huitième édition des Journées hydrogène dans les territoires, rendez-vous de la profession. Soit un an, jour pour jour, après la naissance de la stratégie française pour développer l’hydrogène, sous sa forme décarbonée, et donc non polluante : 7 milliards d’euros promis par l’Etat d’ici à 2030, dont déjà 2 milliards en l’espace de deux ans.
La somme est élevée. Au moins autant que les attentes, partout dans le monde, autour de ce vecteur d’énergie encore au stade des promesses. En l’occurrence, celles de contribuer à réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre dans les domaines particulièrement émetteurs de l’industrie et des transports. Mais aussi de susciter des emplois par dizaines de milliers et de parvenir à une certaine souveraineté énergétique. Rien de moins !
Cet investissement public suggère aussi une chose : l’hydrogène « vert » ou apparenté a un coût. Plutôt élevé, en l’état actuel des ressources et des développements technologiques. Un obstacle à surmonter, ou plutôt à réduire, si cette filière en devenir veut finir par s’imposer et par décarboner le pays. « Il s’agit d’un challenge majeur », souligne Philippe Boucly, président de la fédération d’industriels France Hydrogène.
Approximations
Parce que la filière tâtonne, et parce que le gré à gré sert pour les transactions, et donc en l’absence de prix standards, les sommes restent sujettes aux approximations. L’Ademe, l’Agence de la transition écologique (sous tutelle étatique), a toutefois livré un ordre de grandeur. Son rapport, publié à l’été 2021, évalue le coût de production – auquel il s’agirait d’ajouter, dans l’absolu, le montant pour le transport du producteur vers le consommateur, puis celui pour comprimer cette substance gazeuse encore bien plus légère que l’air.
Produire de l’hydrogène décarboné nécessite en moyenne plus de 4 euros par kilogramme. Le prix dépend en partie de celui de l’électricité, en provenance d’énergies renouvelables ou du nucléaire. La technique, l’électrolyse, a beau être connue de longue date, elle demeure encore expérimentale. Selon les données transmises au Monde, la France dispose tout juste d’une capacité de production de 5 mégawatts d’électrolyseurs. Rien ou presque, pour ainsi dire, par rapport aux 6 500 mégawatts annoncés, et espérés, pour la fin de la décennie.
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