C’est une belle réussite pour DNA Script. Alors que les pépites de la biotech française peinent bien souvent à lever des sommes au-delà de 50 millions d’euros pour alimenter leur croissance, l’entreprise francilienne annonce, mardi 26 octobre, un tour de table pour un montant de 142 millions d’euros. Outre les investisseurs historiques (Bpifrance, Kurma Partners, LSP, Illumina…), la biotech est parvenue à séduire plusieurs fonds américains, dont le géant mondial Fidelity.
De quoi donner des ailes à la jeune pousse (130 salariés), fondée en 2014 par trois anciens de Total, Thomas Ybert, Sylvain Gariel et Xavier Godron. Le trio d’ingénieurs espère révolutionner, au cours des prochaines années, le marché de la fabrication d’ADN de synthèse, estimé à plusieurs milliards de dollars. Cet ADN est notamment utilisé dans la recherche en santé pour développer et tester de nouvelles thérapies (cellulaires, géniques…), vaccins ou médicaments, mais aussi dans l’élaboration de diagnostics et de traitements dans le cadre de la médecine de précision.
Aux allures de minifour
Aujourd’hui, cet ADN est fabriqué à l’extérieur des laboratoires par des prestataires qui le produisent par synthèse chimique. « C’est une méthode vieille de quarante ans, qui nécessite non seulement d’utiliser des réactifs chimiques dangereux et nocifs pour l’environnement et la santé, mais aussi de disposer d’experts de ce procédé, c’est pourquoi cette activité a très vite été externalisée », explique Thomas Ybert, président de DNA Script. Avec un bémol, selon le patron de la biotech : une fois la commande passée, les délais de livraison sont très variables, « jusqu’à plusieurs semaines, selon les cas ». Du temps de perdu pour les laboratoires, forcés de mettre en suspens leurs projets jusqu’à la réception de l’ADN de synthèse.
Afin d’y remédier, la biotech a mis au point une imprimante à ADN, aux allures de minifour, pour permettre aux chercheurs de fabriquer directement à leur paillasse de l’ADN de synthèse. L’innovation de la biotech réside surtout au cœur de la machine, dans le procédé de fabrication de l’ADN utilisé. L’entreprise a développé une autre méthode de production, protégée par de nombreux brevets, fondée sur une technologie de synthèse enzymatique, et non chimique, comme c’est l’usage. « Avec ce système, il leur suffira d’écrire dans le logiciel les lignes de codes de l’ADN, et d’appuyer sur le bouton. En quelques heures, ils disposeront de l’ADN de synthèse dont ils ont besoin pour leurs projets. En matière de rapidité, c’est imbattable », détaille Thomas Ybert.
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