Un constat, un programme, le récit d’une expérience, les ingrédients classiques du livre de tout candidat à l’élection présidentielle. Il suffit d’y ajouter quelques acerbes portraits d’anciens rivaux pour obtenir, à quelques propositions près, l’armature du dernier opus de François Hollande, Affronter, paru chez Stock (288 pages, 20,90 euros), le 20 octobre. L’ancien président de la République y paraît au fait du moindre soubresaut de la vie politique. A droite comme à gauche, il appelle les partis de gouvernement à « se ressaisir » à l’issue d’un quinquennat « anormal », qui « ressemble à s’y méprendre à un deuxième quinquennat Sarkozy ». Celui d’Emmanuel Macron, son traître à lui, « homme d’aucune doctrine » et « voyageur sans boussole ».
En guise d’entrée en matière, François Hollande se dit « libre de penser sans fard, sans désir de plaire, sans crainte de déplaire et sans rien rechercher pour lui-même ». Dans la galerie de portraits qui suit, nulle flatterie en effet, et notamment pas à l’égard d’Anne Hidalgo. L’ancien président fait à cette candidate « toute de sang-froid, de détermination et de ténacité » des compliments un peu à côté : « Comme tout maire d’une ville qui prétend à la lumière, elle dut composer parfois avec ses principes », écrit-il. Il lui réserve aussi des conseils au parfum de reproche, par exemple sur la mesure de doublement du salaire des professeurs portée par la maire de Paris. Pour gagner la présidentielle, écrit-il, il faut « une conception globale de la politique et non une addition de mesures catégorielles ».
Restaurer l’idée d’une gauche de gouvernement
Pour le reste, chacun en prend pour son grade. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise, « est aujourd’hui un boulet pour la gauche », estime-t-il, avant de créditer le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts, Yannick Jadot, de la volonté d’« être l’homme d’une sociale-démocratisation de l’écologie ». Arnaud Montebourg ? « Il a gagné sa réputation en attaquant celle des autres, éternel accusateur, tel un Cicéron de la Bresse. » Michel Barnier (Les Républicains), « malgré l’avancée en âge demeure l’éternel jeune premier de la politique française ». Quant au premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, François Hollande déplore « que le PS se soit installé de son propre fait comme un acteur secondaire de la vie politique ». Seul Bernard Cazeneuve trouve grâce à ses yeux. « Qui de plus sérieux et de plus solide ? », écrit-il, avant de regretter le choix du barreau qu’a fait son ancien ministre de l’intérieur et premier ministre plutôt que celui d’un destin national. « La France y a perdu. Elle attendra, elle est patiente. »
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