Quinze ans à cavaler sur les terrains de football n’ont en rien épuisé la passion de Didier Deschamps au moment de raccrocher les crampons à Valence (Espagne), en 2001. Le trentenaire n’a jamais été du genre à se reposer ou à prendre du bon temps à Ibiza, comme certains de ses collègues champions du monde en 1998. Sa reconversion est immédiate.
C’est sur la Côte d’Azur que « la Dèche » troque son short de footballeur contre un costume d’entraîneur. Un habit censé être taillé sur mesure pour celui qui a toujours été un leader auprès de ses coéquipiers. Il est nommé coach de l’AS Monaco (ASM), où il débarque avec une équipe made in Italia, côtoyé à la Juventus Turin.
S’il n’y a rien d’étonnant à voir Didier Deschamps s’asseoir sur un banc, l’endroit choisi pour ses débuts l’est un peu plus. Marcel Viano, supporteur et mémoire vivante de l’ASM, raconte : « Quand le docteur Campora [président du club, de 1976 à 2003] l’a nommé, ça a été une vraie surprise. Il n’avait jamais entraîné et il avait joué à l’OM. Notre rival avec qui on s’était affronté des années pour le titre, avec en plus les doutes sur les années Tapie… »
Joueur (de 1969 à 1982) et adjoint de nombreux entraîneurs monégasques (Arsène Wenger, Jean Tigana ou Claude Puel), Jean Petit est une figure historique du club. Depuis son poste d’observateur des équipes adverses, il assiste aux premiers jours du novice en forme de bizutage. Monaco termine à une triste 14e place en championnat et Deschamps le gagneur apprend dans la défaite. La faute aux divergences stratégiques avec Jean-Louis Campora. « Le président était là depuis vingt-cinq ans et connaissait tout Monaco. Didier arrivait, resitue Jean Petit. Il y avait eu le recrutement de Campora, lui a voulu faire le sien. On s’est retrouvé avec un embouteillage monstre de joueurs, dont de grosses personnalités. Les résultats ont été mauvais car on était trop nombreux. »
Une deuxième chance grâce au soutien du palais
Le jeune entraîneur doit survivre à une fronde menée par l’ex-vedette de l’AC Milan, l’Italien Marco Simone. Recruté en 2002 par Monaco, un an après la nomination du champion du monde, Jérôme Rothen apporte des précisions : « Didier avait des soucis de gestion du groupe, avec des fortes têtes qui n’étaient pas à Monaco pour les bonnes raisons. Il existait des frictions avec ces anciens. »
Au mois de juin 2002, Didier Deschamps passe à un rien de prendre la porte mais a la chance d’être dans les petits papiers du palais. « Un jour, Didier m’a convié à déjeuner. On a discuté. Je devais me réunir avec un groupe qui voulait l’écarter. Finalement, je n’en ai pas fait partie, confie Jean Petit, qui devient son adjoint. Le prince Albert l’a soutenu : “Tu commandes.” A partir de là, ça a marché. »
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