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Covid-19 : « Les entrepreneurs précaires sont les premières victimes des restrictions sanitaires »

L’économiste Philippe Askenazy observe, dans une tribune au « Monde », que le développement du statut d’indépendant, vanté par les gouvernements depuis vingt ans, se retourne aujourd’hui contre ceux qui l’ont choisi.

Publié le 06 novembre 2020 à 14h15, modifié le 09 novembre 2020 à 10h08 Temps de Lecture 3 min.

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Tribune. Alors que la France mène depuis deux décennies une politique volontariste de promotion de l’emploi indépendant, c’est précisément cette catégorie qui est aujourd’hui la plus touchée par la crise économique née du confinement. Selon l’enquête Emploi de l’Insee, l’emploi principalement indépendant pesait 12,1 % des emplois en 2019, contre 10,6 % en 2008. Il faut ajouter à cela des centaines de milliers de salariés cumulant une activité secondaire non salariée plus ou moins marginale.

Au dernier trimestre 2019, 1,7 million de microentrepreneurs étaient « administrativement actifs », soit une hausse de 20 % en une année. Près de 1 million d’entre eux avaient déclaré un chiffre d’affaires positif, là aussi en hausse de 20 %, avec une moyenne de 4 000 euros de chiffre d’affaires par trimestre, un doublement en cinq ans. C’était avant la pandémie…

Mais cette extension du travail indépendant, que la France partage avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas, va à l’inverse de la tendance séculaire à la montée du travail salarié au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Même aux Etats-Unis, l’emploi salarié n’avait en 2019 jamais été aussi dominant et concentré dans des grandes entreprises.

« Noyer la figure du “patron” dans celle de l’entrepreneur est un axe politique du patronat français » 

D’où vient cette exception française ? « Les bouleversements récents des concepts d’organisation du travail et de gestion des systèmes productifs remettent en question le partage habituel entre salariés et travailleurs indépendants. (…). La multiplication des statuts, le développement de la précarité et du chômage tendent à fragiliser la condition salariale au point que certains auteurs annoncent d’ores et déjà la fin du salariat », observait l’économiste Olivier Marchand dans un article d’Economie et Statistique paru en 1998.

Une part de la gauche et du monde syndical s’est même interrogée sur la dimension émancipatrice de l’entrepreneuriat, réhabilitant l’économie sociale et de proximité. Selon l’OCDE, plus de la moitié des Français et 40 % des Françaises préféreraient « prendre un risque et commencer une nouvelle entreprise que de travailler pour quelqu’un d’autre ». Il s’agit pour nombre d’entre eux d’échapper aux discriminations de genre ou ethniques, ou encore à la subordination, aux horaires imposés et à l’intensification du travail.

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