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« Bruno Le Maire, ministre de l’économie… politique »

Arrivé à Bercy en 2017 avec une réputation de libéral affirmé, le ministre de l’économie a pris depuis plusieurs décisions, notamment le refus du rachat de Carrefour par Couche-Tard, qui montrent son attachement à une forme de souverainisme. Dans sa chronique, Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », décrypte cette évolution.

Publié le 01 février 2021 à 00h56, modifié le 01 février 2021 à 09h47 Temps de Lecture 4 min.

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Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, au CNRS Paris-Saclay, à Palaiseau (Essonne), le 21 janvier.

Chronique. Quel drôle d’animal politique que Bruno Le Maire ! Il a suffi de trois ans passés à Bercy pour que le libéralisme tranché du ministre de l’économie, des finances et de la relance s’émousse pour faire apparaître une figure désormais critique sur la loi d’airain du marché, et plus inquiète sur les inégalités sociales qui « nourrissent les populismes ».

Un libéral-souverain ne se laissant plus enfermer dans l’économisme et que son ancien conseiller en communication, Bertrand Sirven, présente dans ces colonnes (Le Monde du 18 janvier) comme un « être hybride » en marge des « codes classiques de la politique politicienne »… qu’il maîtrise au demeurant parfaitement.

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La récente affaire Carrefour a renforcé cette image. Avec quelle célérité le grand argentier a-t-il mis un veto à son rachat par le québécois Couche-Tard, au prix d’une interprétation très extensive du décret sur le contrôle des investissements étrangers en France !

M. Le Maire ne s’est pas non plus désolé du récent naufrage de la reprise des Chantiers de l’Atlantique par l’italien Fincantieri, censée créer un « Airbus de la mer ». En revanche, il a chaudement défendu le mariage PSA-Fiat Chrysler Automobile, qui « servait nos intérêts » (contrairement à la fusion FCA-Renault-Nissan) et la prise de contrôle du groupe ferroviaire canadien Bombardier par Alstom, tout compte fait plus flatteuse pour la France qu’une union déséquilibrée avec l’allemand Siemens.

Tout ce que le pays compte de libéraux de stricte observance – et seulement eux – est tombé comme la foudre sur le ministre, accusé d’avoir succombé à l’air du temps souverainiste et à la tentation « populiste ». Non sans raison. La « sécurité alimentaire » des Français était-elle à ce point menacée qu’il faille contre-attaquer aussi vite, alors que l’Etat n’a pas un fifrelin dans Carrefour ? Est-ce vraiment toute la filière agroalimentaire qui était menacée ? Mais voilà, tout est devenu « stratégique » au nom de notre « souveraineté économique ». Les « hypers » autant que les appareils de visée nocturne vendus aux armées par Photonis, récemment arraché à l’appétit de l’américain Teledyne.

Arc souverainiste

M. Le Maire ne peut échapper à l’accusation de calcul politicien. En pleine crise économique et sanitaire, la demande d’un Etat protecteur n’a jamais été aussi forte. Laisser filer une grande enseigne avec ses 100 000 salariés dans l’Hexagone aurait été du plus mauvais effet.

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