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« Entre Vladimir Poutine et le peuple russe, il n’y a plus aujourd’hui que les matraques »

Toujours plus impopulaire, le président russe est prêt à tout pour garder un « pouvoir personnel et éternel », dénonce le philosophe Kirill Martynov, responsable du service politique du journal « Novaïa Gazeta », dans une tribune au « Monde ».

Publié le 22 février 2021 à 10h16, modifié le 24 février 2021 à 17h56 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Ceux qui en Russie voient les manifestations actuelles comme la simple poursuite de nos anciennes protestations se trompent lourdement. En décembre 2011, nous marchions fièrement et gaiement sur la place Bolotnaïa ; lors de l’été 2019, nous criions : « Nous sommes le pouvoir. » Les Moscovites protestaient ainsi contre l’interdiction faite aux candidats indépendants de se présenter aux élections locales. Mais, après chaque mobilisation, la vie reprenait son cours.

Cette fois, l’enjeu est bien plus élevé. La fin des manifestations signifiera « un contrat social de type nouveau » imposé par le pouvoir. Désormais, seuls les cercles de l’élite dirigeante pourront jouir d’une vie dans la dignité, une vie où l’on n’a pas peur de dire ce que l’on pense et où l’on ne s’attend pas à l’irruption de la police chez soi au petit matin.

Comment cela s’est-il produit ? Auparavant, les hauts responsables du Kremlin estimaient que l’emprisonnement de Navalny ne serait d’aucune utilité dans leur lutte pour un pouvoir personnel et éternel. Désormais, ils considèrent cette solution comme étant la plus efficace. Même sa tentative d’assassinat, comme le montrent les événements de 2020, était considérée comme une excellente stratégie.

Qu’est-ce donc qui a changé ? Il n’est pas difficile de trouver une hypothèse plausible : le peuple a cessé d’aimer le président Poutine. On ne l’aime plus car il est impossible de se réjouir, des décennies durant, des « victoires sur les ennemis extérieurs », et que le régime de Poutine ne peut se vanter d’aucune autre réalisation. L’économie russe se contracte depuis sept ans. Pendant la pandémie de Covid-19, l’Etat a décidé de ne pas aider les citoyens, préférant amasser des réserves. Beaucoup de gens considèrent que Poutine n’a pas partagé le sort de son peuple en s’isolant dans sa résidence.

L’effondrement de l’autocratie populiste

La vie normale en Russie s’est arrêtée vers 2014-2015, lorsque le Kremlin a déclenché une guerre honteuse contre son plus grand voisin slave, l’Ukraine. Une fois que les combats ont cessé, la violence s’est répandue inévitablement dans le reste du pays, un phénomène bien décrit par les historiens. Le meurtre de Boris Nemtsov aurait pu en devenir le déclencheur, mais, à l’époque, le régime n’avait pas besoin de recourir à une violence à grande échelle car le président était plébiscité. Aujourd’hui, entre lui et le peuple, il n’y a plus que les matraques.

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A un certain moment, parallèlement à l’effondrement de l’autocratie populiste, le pouvoir dans le pays a été accaparé par un groupe qui représente les « structures de force ». Je n’ai aucune « source » particulière pour affirmer cela, mais il suffit de regarder : entre l’apparition des « éducateurs politiques », qui vont façonner l’« état d’esprit » des enfants dans les écoles – comme en URSS –, la paralysie du système judiciaire et les villes bouclées par la police, tout dénote le style propre aux officiers issus des services secrets soviétiques.

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